Coronavirus : les masques en tissu, une alternative efficace ?
Le CHU de Grenoble propose un tutoriel de fabrication de masques en tissu à destination des particuliers et des industries. Mais ces masques "artisanaux" peuvent-ils bloquer le coronavirus ?
Ils arrivent trop tardivement et en trop petit nombre. Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les masques de protection manquent, en particulier aux soignants. Aujourd’hui, en attendant que l'Etat renfloue ses stocks et que les masques chirurgicaux et FFP2 parviennent en quantités suffisantes au personnel médical, un troisième type de masque fait parler de lui : les masques en tissu.
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"Mieux que rien"
A l’origine de cette initiative : le CHU de Grenoble, qui publiait le 13 mars un document "tutoriel", patron de couture inclus, pour fabriquer soi-même des masques en tissu à destination des personnels soignants "ne prenant pas en charge de patients Covid-19". Une alternative du domaine du "mieux que rien", selon les médecins de Grenoble. "Un masque même imparfait sera de toute façon mieux que pas de masque", écrit aussi le professeur Jean-Yves Blay, responsable d'un centre hospitalier de Lyon, dans un courrier consulté par l’AFP.
L'idée séduit rapidement les particuliers, les blogueurs sur internet mais aussi les usines de confection, qui les destinent notamment aux travailleurs de l’industrie agro-alimentaire et pharmaceutique affectés par la pénurie de masques.
Une filtration insuffisante
Mais attention à ne pas surestimer leur utilité, notamment pour les personnes malades ou les soignants exposés à des patients Covid-19. "Le tissu est complètement inefficace car ce que l’on attend d’un masque de soins, c’est une filtration microscopique" explique au Figaro le docteur Stéphane Gayet, médecin infectiologue au CHRU de Strasbourg. Et si on y intègre du feutre ou un filtre type filtre d’aspirateur entre deux couches de tissu ? "Cela a du sens si ce sont des filtres HEPA (High efficiency particulate air) ou THE (très haute efficacité)", concède encore au Figaro le docteur Gayet.
Gare au risque de contamination
Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon s’est également exprimé sur le sujet. "Certains d’entre vous confectionnent des masques en tissu. Ce sont des initiatives personnelles" a-t-il rappelé le 19 mars, avant de mettre en garde sur un surrisque engendré par ces masques : "les manipulations de masques, qu’ils soient en tissu ou qu’ils soient protecteurs, augmentent les risques de transporter le virus de surface à surface. Un masque, c’est une technique, c’est réservé à des soignants. On enlève son masque, on manipule son masque, on se contamine en touchant son masque." Il a finalement conclu qu'il n’y avait "pas d’indication à garder son masque quand on n'(était) pas personnel soignant".