Coronavirus : les pompiers fustigent la gestion de la crise
La Fédération des pompiers étrille la gestion de la crise du Covid par le ministère de la Santé. Dans un rapport, elle critique l’organisation des soins et regrette de ne pas avoir été davantage associée à la prise en charge des malades.
Les sapeurs-pompiers voient rouge. Dans un rapport destiné au ministère de l’Intérieur et révélé le 4 juillet par Le Parisien, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), critique la gestion de l’épidémie de Covid-19 par le ministère de la Santé et ses agences en région. "On voit bien que ça a manqué de synchronisation" regrette le colonel Hugues Deregnaucourt, vice-président de la Fédération nationale des Sapeurs-Pompiers. "Il n’y a pas d’attaque personnel, on est sur un problème d’organisation. Il nous semble à la Fédération des sapeurs-pompiers de France qu’après la grippe H5N1 un certain nombre d’enseignements avaient été tirés, mais force est de constater qu’ils n’ont pas été appliqués" poursuit-il.
Les évacuations de patients, de la "pure communication" ?
Ce rapport vient alimenter des tensions de longue date entre les pompiers, qui dépendent de l'Intérieur, et les services de santé sur la façon de gérer les appels d'urgence, le secours et le transport des malades.
Principale critique des pompiers : l’administration aurait été complètement dépassée et incapable de coordonner les secours. Dans leur viseur notamment, les centaines d’évacuations de patients en hélicoptère ou en TGV pour désengorger les régions les plus touchées, qui ne sont pour eux que de la "pure communication".
Des propos qui font bondir le docteur François Braun, président de Samu-Urgences de France : "Pouvoir imaginer qu’on faisait de la communication c’est totalement injurieux pour tous les professionnels qui ont participé à ces évacuations" déplore-t-il.
Créer le 112 pour soulager le 15
Les pompiers dénoncent aussi la saturation du 15, le numéro d’urgence régulé par le SAMU, avec selon eux des temps d’attente avoisinant parfois les 40 minutes. Un sujet qui divise pompiers et SAMU depuis longtemps. "Bien sûr, nous avons subi un assaut au niveau du 15 " reconnaît le docteur Braun. "A certains endroits, on a multiplié par quatre le nombre d’appels en 24 heures donc nous nous sommes organisés pour y répondre en augmentant nos ressources humaines" assure-t-il.
Dans leur rapport, les pompiers réclament donc une nouvelle fois un numéro unique pour les urgences, le 112, et le 116-117 pour les autres soins, qui soulageraient les standards du Samu (15) et des pompiers (18). Ils demandent aussi qu’en cas de crise sanitaire, la gestion soit assurée par le ministère de l’Intérieur ou un organisme supervisé par le Premier ministre.