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Coronavirus : "On a peur de devoir gérer des IVG hors délai"

Malgré le confinement et le report de tous les actes médicaux non urgents, l’IVG est considérée comme une nécessité médicale selon le Planning familial. Cependant, l'accès à l'avortement pourrait être plus compliqué que d'habitude.

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le
En 2013, 229.000 IVG ont été réalisées en France

« L’accès à l’IVG [est] compliqué dans cette période d’engorgement des hôpitaux et de risques sanitaires. En effet, beaucoup de centres réduisent leurs activités. », affirme le Planning familial dans un communiqué qui récapitule l’ensemble de ses activités impactées par le confinement dû à l’épidémie de coronavirus. C’est le cas des centres de Mulhouse ou encore de Villeurbanne : leurs messageries téléphoniques expliquent que l’accueil physique des personnes est devenu impossible.

« L’IVG fait partie des actes urgents »

« On essaie d'assurer les IVG au maximum », affirme Dr Joëlle Belaïsch-Allart, gynécologue-obstétricienne responsable du Pôle femme-enfant au centre hospitalier des Quatre Villes à Saint-Cloud (92) et présidente élue du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France (CNGOF). Dr Florence Hemon, médecin au centre de planification de Brest, confirme : « Il y a eu une publication du ministère de la Santé : l’IVG fait partie des actes médicaux urgents. Certaines patientes craignaient de ne pas pouvoir faire leur IVG, elles étaient contentes de voir qu’on était disponibles. »

Difficultés d’accès

À Brest, Florence Hemon constate une baisse des demandes de consultations : « On reçoit moins, on n’a ni les mineures, ni les personnes qui veulent être en confidentialité », explique-t-elle « mais les patientes n’ont pas de problème pour avoir accès à nous. »

En revanche, à Saint-Cloud, c’est une autre histoire : « Là, on gère au jour le jour, j’ai deux médecins qui peuvent s’en occuper. Dire qu’on a la tête sous l’eau, c’est peu dire... notre anesthésiste est en réanimation à cause du virus, et il y a eu un décès dû au virus dans le service cette nuit », raconte Joëlle Belaisch-Allart, très émue.

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« C’est de la médecine de guerre »

Malgré ce drame, l’équipe de Saint-Cloud fait au mieux. « On maintient les consultations IVG », assure la gynécologue. « On annule les consultations post-IVG, en cas de problème, on consulte par téléphone et on oriente vers les urgences. »

Le Dr Belaisch-Allart décrit une situation extrêmement tendue : « J'ai une équipe très dévouée, qui joue le jeu au maximum. Mais si je n’ai plus personne pour être chef de garde des accouchements, je serai dans l’obligation d’annuler des interventions. C’est de la médecine de guerre. »

IVG en libéral et à domicile

« Un amendement sur un allongement exceptionnel du délai d’accès à l’IVG a été déposé », rappelle le Planning familial. Cet amendement, refusé par le Sénat, devait prolonger le délai légal de deux semaines, exceptionnellement, jusqu'au 31 juillet 2020. « Nous alertons sur cette décision et les conséquences qu’elle aura sur les droits des femmes, bien souvent les premières victimes en cas de crise », regrette le mouvement.

La crainte des demandes d'IVG hors délai est bien présente dans l’esprit de Florence Hemon : « On a peur de devoir gérer des IVG hors délai, mais on verra au cas par cas », précise-t-elle. Pour le moment, aucune information officielle n’a été communiquée concernant ce cas de figure. « En même temps c’est un problème qui va surtout se poser à la fin du confinement et pas une urgence du moment », tempère Dr Hemon.

Elle tient à rappeler que « les centres IVG restent ouverts, des IVG sont faisables à domicile. Certaines sages-femmes et médecins sont en convention avec des centres, donc une IVG peut être faite en libéral. »

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