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Coronavirus : pourquoi les "passeports immunitaires" sont une mauvaise idée

A l’heure du déconfinement, l’idée de délivrer des certificats aux personnes infectées séduit. Problème, les tests sérologiques ne sont pas assez fiables et rien ne prouve qu’une personne infectée soit immunisée contre le virus.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Andrii Vodolazhskyi

Peut-on attraper deux fois le Covid-19 ? Sans réponse claire à cette question, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde le 25 avril contre les "passeports immunitaires" sur le SARS-CoV-2, envisagés à l'heure du déconfinement des populations.

Certains gouvernements ont en effet émis l'idée de délivrer des documents attestant l'immunité des personnes sur la base de tests sérologiques révélant la présence d'anticorps dans le sang, ces molécules que l’organisme fabrique de façon ciblée pour combattre un virus ou une bactérie. L’objectif de ces certificats : déconfiner et permettre peu à peu leur retour au travail et la reprise de l'activité économique.

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Un risque accru de transmission

Mais "il n'y a actuellement aucune preuve que les personnes qui se sont remises du Covid-19 et qui ont des anticorps soient prémunies contre une seconde infection", déplore l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il n'existe donc "pas d'éléments suffisants" pour évaluer la fiabilité de "passeports immunitaires" ou de "certificats d’absence de risque" souligne l’OMS. "L'utilisation de tels certificats pourrait augmenter le risque de transmission", les personnes "se pensant immunisées" ignorant alors les consignes sanitaires. L’organisation appelle plutôt à ne pas relâcher les efforts, car la menace d’une deuxième vague mortelle plante toujours.

"Aucune étude" ne prouve que les anticorps confèrent une immunité

Mais pourquoi un tel doute ? Tout d’abord parce que la présence d’anticorps n’est pas synonyme d’immunité. "Certains individus ont fabriqué beaucoup d’anticorps mais est-ce que cette importante production d’anticorps signifie qu’ils disposent d’une immunité ? Nous ne le savons pas. (…) Nous n’avons pas une vision complète de la nature de cette immunité" déclarait le 15 avril dernier la docteure Maria Van Kerkhove, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses à l’OMS.

Dix jours plus tard, le doute persiste. "Aucune étude n'a évalué si la présence d'anticorps au SARS-CoV-2 confère une immunité contre une future infection par ce virus chez les humains", appuie l’OMS le 25 avril.

Sept coronavirus, sept anticorps proches

Ensuite parce que les tests sont encore peu fiables et ne permettent pas de savoir avec certitude si les anticorps repérés sont bien ceux spécifiques à une infection au nouveau coronavirus.

Ainsi, les tests sérologiques actuellement utilisés "ont besoin d'une validation supplémentaire pour déterminer leur exactitude et leur fiabilité" explique l’OMS. Actuellement, les tests ne permettent pas de distinguer précisément la réponse immunitaire au SARS-CoV-2 de la réponse aux six autres coronavirus communs. Quatre d’entre eux provoquent des rhumes bénins et les deux autres sont à l'origine du MERS (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient) et du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère). Un total de sept coronavirus, qui provoquent dans l’organisme qu’ils infectent la fabrication d’anticorps très ressemblants.

Le risque ? Celui d’obtenir un résultat "faux positif", si les coronavirus qui ne "causent pas de maladies graves" aboutissent par erreur "à un résultat positif" au nouveau coronavirus.

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