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Covid-19 : existe-t-il une immunité croisée entre les différents coronavirus ?

Une étude suggère qu’une exposition aux coronavirus communs, à l’origine des rhumes, protège aussi contre leur cousin le SARS-CoV-2, responsable du Covid-19. Mais l’efficacité de cette immunité croisée reste encore à démontrer.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration. Virus, globules rouges et globules blancs.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / MBLifestyle

Peut-on être protégé contre le coronavirus, même sans y avoir été exposé ? C’est ce que laisse entendre une étude parue en prépublication le 20 mai dans la revue Cell. Selon les chercheurs de l’institut d’immunologie La Jolla aux Etats-Unis qui signent ces travaux, environ la moitié de la population pourrait bénéficier d’une immunité appelée "immunité croisée", acquise grâce à un cousin du SARS-CoV-2.

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Chercher l’immunité dans les globules blancs

Cette étude s’intéresse à la réponse immunitaire du corps contre le nouveau coronavirus, non pas via les anticorps, mais via d’autres armes du système immunitaire : les lymphocytes T. Il s’agit de globules blancs, présents dans le sang, qui possèdent à la fois un rôle de défense contre un virus donné, et de mémoire pour éviter une deuxième infection.
Dans un des volets de l’étude, les chercheurs américains se sont intéressés aux lymphocytes T de personnes non exposées au SARS-CoV-2. Pour être bien certains que leurs sujets n’avaient jamais été en contact avec ce virus, ils ont réutilisé des échantillons sanguins de 20 personnes, prélevés entre 2015 et 2018, soit avant l’émergence même du SARS-CoV-2

Entre 40 à 60% des échantillons réactifs au SARS-CoV-2

Résultat : entre 40 et 60% de ces 20 échantillons présentaient des lymphocytes T capables de reconnaître le SARS-CoV-2. Une observation qui suggère l’existence d’une immunité croisée entre les rhumes communs, causés par des coronavirus cousins du SARS-CoV-2, et ce dernier.
En effet, selon les chercheurs, l’ensemble des échantillons testés étaient également réactifs à au moins deux des quatre coronavirus les plus communs.

Réactivité n’est pas synonyme d’immunité

Mais attention, même les auteurs de l’étude restent extrêmement prudents face à ces résultats, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, "il n’est pas encore sûr que la réactivité croisée observée ici procure une immunité au SARS-CoV-2 et qu’elle explique pourquoi certaines personnes ou certains lieux géographiques sont plus touchés par le Covid-19" tempèrent les chercheurs dans un communiqué de l’institut La Jolla. Autrement dit, ce n’est pas parce que les lymphocytes T réagissent avec le SRAS-CoV-2 qu’ils sont capables de bloquer une infection. D’autant que cette réactivité n’a été testée qu’in vitro, en laboratoire.
Ensuite, parce que les chercheurs ont effectué leurs tests sur seulement 20 échantillons sanguins, ce qui constitue un très petit panel. D’autres études et des observations in vivo seront donc nécessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse d’immunité croisée.

Un argument contre l’hypothèse de la deuxième vague

Pour le moment, l’argument de l’immunité croisée est tout de même déjà utilisé par les scientifiques qui défendent l’idée d’une absence de deuxième vague. "Une partie non négligeable de la population pourrait ne pas être" sensible au coronavirus" grâce à une immunité non spécifique, expliquait ainsi à l’AFP l’épidémiologiste Laurent Toubiana.
Mais des données chiffrées mettent à mal cette hypothèses, notamment les relevés effectués dans des petites populations fermées. Sur le porte-avion Charles de Gaulle, par exemple, les analyses les plus récentes montrent que 73% des marins ont été contaminés.

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