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Covid : 90% des cas n'ont pas été détectés au premier déconfinement

Le nombre de cas de covid-19 détectés en France a été largement sous-estimé à l’été 2020, à cause d’une surveillance défaillante, selon des chercheurs de l’Inserm.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Alex Kh

Un dépistage "insuffisant". C’est ce que dénoncent des chercheurs de l’Inserm. Ils publient dans la revue Nature un article qui pointe une défaillance du système de surveillance à la sortie du premier confinement.

Ces chercheurs se sont appuyés sur un modèle mathématique pour tirer les premiers enseignements scientifiques du dispositif "tester - tracer - isoler" mis en place au début de l’été 2020.

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De multiples données

Ils ont utilisé plusieurs données : les chiffres d’admission à l’hôpital région par région, des données sociodémographiques, des estimations de Santé publique France indiquant le pourcentage de personnes respectant les gestes barrières ou encore à des données de mobilité de Google.

Ils ont aussi pris en compte les données du site de surveillance participative du virus Covidnet.fr et les données du système de surveillance virologique national SI-DEP qui enregistre tous les résultats de tests covid réalisés par les laboratoires.

90.000 cas symptomatiques non identifiés

Résultat : à partir de leurs modèles et des données collectées, les scientifiques notent que le nombre de cas symptomatiques a été largement sous-estimé.

Ainsi, près de 104.000 infections symptomatiques sont survenues entre le 11 mai et le 28 juin 2020, contre un peu plus de 14.000 cas officiellement enregistrés. Soit 90.000 cas symptomatiques non identifiés sur cette période.

Autrement dit, neuf cas symptomatiques sur dix n'ont pas été détectés après la fin du premier confinement national en mai.

Pas assez de dépistage, même quand le virus circulait peu

Autre constat : seulement cinq des 12 régions étudiées ont dépassé un taux de détection médian de 50% à la fin juin et moins d'un tiers (31%) des gens présentant des symptômes de type covid-19 ont consulté un médecin en dépit des recommandations.

La capacité de dépistage "est restée insuffisante, même aux faibles niveaux de circulation virale atteints après ce confinement" et il était prévisible qu'elle "se détériore rapidement avec l'augmentation de l'activité épidémique", notent les auteurs de l’étude.

Seule une infection détectée sur 12

Pire, si les chercheurs incluent dans leur calcul les cas asymptomatiques, c’est-à-dire sans symptôme, "seule une infection au SARS-CoV-2 sur douze a été identifiée, pendant la période de l'étude" de sept semaines suivant le confinement, souligne Jeffrey Shaman, de l'École de santé publique Mailman de l'Université de Columbia (New York) dans un commentaire également publié dans Nature.

La majorité des infections par le SARS-CoV-2 n'ont donc pas été détectées au cours des premières semaines après ce confinement, interprètent les auteurs de l’article.

"Frein majeur au contrôle de l’épidémie"

Or "une forte sous-estimation des cas est un frein majeur au contrôle de l’épidémie" rappelle Vittoria Colizza, co-autrice de l’étude, dans un communiqué de l’Inserm.

"Tester-tracer-isoler est le seul moyen dont nous disposons pour continuer à freiner la propagation du virus en allégeant les mesures restrictives ciblant toute la population" poursuit la spécialiste en modélisation des maladies infectieuses.

Aujourd’hui, "la tâche est d’autant plus ardue que nous sommes en période hivernale" reconnaît-elle, avant de conclure : "il faut continuer à renforcer les capacités de dépistage pour qu’elles soient plus ciblées, efficaces et accessibles à tous pour lutter contre la pandémie" et éviter une troisième vague.

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