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Covid : comment Olivier Véran essaie d'éviter un reconfinement de l’Ile-de-France

"Toutes les 12 minutes, un Francilien est admis en réanimation" a expliqué Olivier Véran le 11 mars. Face à la progression de l'épidémie en Ile-de-France, il fait le choix de transférer les patients de réanimation vers d'autres régions.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Crédits Photo : © Shutterstock / martinbertrand.fr

"Des dizaines, voire des centaines" de patients bientôt transférés, des déprogrammations d'opérations et un "seuil critique" qui se rapproche pour la réa: l'épidémie de Covid est particulièrement inquiétante en Ile-de-France, a prévenu le 11 mars le ministre de la Santé, Olivier Véran.

"La situation épidémique et sanitaire en Ile-de-France nous préoccupe tout particulièrement", a-t-il reconnu lors de sa conférence de presse hebdomadaire, en soulignant que 

"Ce soir, 1.080 patients y sont pris en charge: presque le pic de la deuxième vague. Si le rythme continue à être le même, nous dépasserons 1.500 à la fin du mois de mars, ce qui correspond à un seuil critique", a-t-il poursuivi. 

A lire aussi : Covid : nouveau pic de patients en réanimation

Eviter la saturation des réas

Le virus circule à un niveau élevé dans la région la plus peuplée de France, avec 350 cas pour 100.000 habitants en moyenne chaque semaine contre 220 au niveau national.

Pour éviter que les services de réanimation débordent, "nous préparons des transferts importants de patients vers les autres régions", a dit M. Véran. "On parle là de dizaines, voire de centaines de patients".

Déprogrammations importantes

Autre mesure pour éviter la saturation, "des déprogrammations importantes, et demain massives, des soins chirurgicaux programmés", afin de libérer des lits.

L'Agence régionale de santé (ARS) avait donné mardi "l'ordre ferme" aux hôpitaux et cliniques franciliens de déprogrammer 40% de leurs activités médicales et chirurgicales les moins urgentes pour augmenter les capacités d'accueil.

"Nous irons encore plus loin en termes de déprogrammation si la situation devait l'imposer", a assuré Olivier Véran.

Situation nationale « tendue »

Si le niveau de l'épidémie diffère selon les régions, la situation nationale est globalement "tendue et inquiétante", a-t-il prévenu, en pointant, outre l'Ile-de-France, les Hauts-de-France et la région Paca.

Dans tout le pays, la barre des 4.000 malades en réanimation a été de nouveau franchie, selon le ministre, une première depuis la fin novembre. Ce niveau est éloigné des pics de la première (7.000 au printemps) et de la deuxième vague (4.900 à l'automne), mais le rythme des admissions s'est nettement accéléré depuis la mi-janvier.

"La pression sanitaire atteint désormais des niveaux similaires à ceux qu'on constatait quand on approchait du pic de la deuxième vague", a relevé le ministre.

La question des variants

Selon M. Véran, cela peut être dû à la progression du variant britannique, qui représente désormais plus de 67% des cas positifs. "Le variant serait responsable de davantage de formes graves. Ceci expliquerait pourquoi les réanimations se remplissent plus vite", a-t-il avancé.

Une étude anglaise publiée le 10 mars concluait en effet que le variant anglais était non seulement plus contagieux mais aussi 64% plus mortel que le coronavirus classique.

Chute des contaminations

Par ailleurs le nombre quotidien de cas confirmés est redescendu autour de 27.000 le 11 mars, après avoir grimpé à plus de 30.000 la veille, selon les données de Santé Publique France. L’autorité sanitaire compte désormais au moins 89.856 morts liés l'épidémie dans le pays, dont 64.612 à l'hôpital (+266 depuis le 10 mars).

Pour autant, après sept semaines de couvre-feu à 18h en métropole et plus de quatre mois de fermeture pour les restaurants, bars, lieux culturels et salles de sport, l'exécutif veut tout faire pour éviter un confinement strict de l'Hexagone comme au printemps. Il préfère pour l'heure des confinements locaux le week-end, comme dans les Alpes-Maritimes, à Dunkerque et dans le Pas-de-Calais. 

Accélérer la vaccination

Pour contrer l'épidémie, les autorités parient sur une accélération de la campagne de vaccination, avec un objectif de 10 millions de premières injections d'ici mi-avril.

Mais cette campagne reste tributaire d'une régularité des approvisionnements toujours fragile, de la coordination entre les acteurs et des réticences à se faire vacciner.

La question AstraZeneca

La défiance risque d'être nourrie par la décision du Danemark, de l'Islande et de la Norvège de suspendre l'utilisation du vaccin AstraZeneca à cause de craintes liées à la formation de caillots sanguins.

"A ce stade, il n'y a pas lieu de suspendre la vaccination" avec AstraZeneca, a estimé M. Véran, en soulignant que "le bénéfice est jugé supérieur au risque".

En effet, le risque de troubles de la coagulation qui a motivé la décision des pays nordiques n'est statistiquement pas plus fort chez les patients vaccinés avec AstraZeneca que chez les autres, a-t-il expliqué. C'est aussi ce qu'a estimé l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui a conseillé de poursuivre les injections.

Un quatrième vaccin bientôt autorisé

Pour l'instant, 4,5 millions de personnes en France ont reçu au moins une injection d'un des trois vaccins disponibles, et 2,2 millions ont eu leurs deux doses. 

Et à terme, la France disposera d'un quatrième vaccin, après l'autorisation européenne accordée jeudi à celui de Johnson & Johnson.

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