Covid : le point sur les séquelles neurologiques
Perte de l’odorat et du goût, AVC, confusion, troubles de la mémoire et de l’attention, les symptômes neurologiques de la covid sont nombreux.
Des chercheurs new-yorkais viennent de réaliser dans la revue Cell un résumé des données produites depuis le début de l’épidémie sur ces questions. Confusion, désorientation, agitation, mais aussi troubles de la sensibilité, de la concentration, de la mémoire, mouvements anormaux, ou encore des crises d’épilepsie et des accidents vasculaires cérébraux.
« Cela peut tout donner, c’est extrêmement large ! », explique le Pr Jean-Christophe Corvol, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et à l’Institut du Cerveau et de la Moelle. Il coordonne le suivi d’un groupe de patients concernés, pris en charge dans cet établissement au printemps. Cela touche 30% de l’ensemble des hospitalisations pour Covid et plus de 85% des personnes passées par la réanimation. Selon le Pr Corvol, beaucoup de troubles sont liés aux soins intensifs plutôt qu’au virus lui-même.
Des AVC en majorité
Entre 10 et 15% de troubles neurologiques qui seraient liés au virus lui-même. Les plus souvent évoqués sont des accidents vasculaires cérébraux. Des zones du cerveaux ne sont plus irriguées parce que des vaisseaux ont été bouchés par des caillots. Ils seraient liés à la coagulation excessive entraînée par le virus. Avec peut-être d’autres mécanismes impliqués puisque des chercheurs ont aussi montré que le virus pourrait s’attaquer aux parois des vaisseaux.
Syndrome de stress post-traumatique ?
La plupart des patients de la cohorte progresse bien. Mais pas tous. Certains se plaignent encore de maux de tête chroniques, de troubles de la mémoire, de difficultés de concentration, une sorte de « ralentissement intellectuel ». L’ensemble peut être associé à une grande anxiété.
Et ces dernières semaines, cette sorte de « syndrome » est racontée presque à l’identique par des nouveaux patients, jamais hospitalisés mais également touchés par la Covid-19. Des examens d’imagerie sont organisés. Mais pour l’instant, on ne sait pas s’il s’agit d’une séquelle du virus ou d’un syndrome de stress post-traumatique.
Et ces « nouveaux patients » qui n’ont pas été hospitalisés avaient-ils perdu l’odorat ?
Oui ils sont nombreux à avoir en commun ce symptôme. D’ailleurs, cette perte pourrait justement « signer » une atteinte neurologique puisqu’elle viendrait de l’attaque par le virus d’une zone du cerveau cruciale pour ce sens : le bulbe olfactif. Cette hypothèse est d’ailleurs renforcée par des IRM réalisées par une équipe franco-belge dans le cadre du suivi de 1300 patients concernés.
Il y aurait une réaction inflammatoire au niveau du bulbe, selon un des auteurs de cette étude, le Dr Jérôme Lechien de l’Hôpital Foch. Mais plus de 8 patients sur 10 ont entièrement récupéré. Et surtout, le Dr Lechien apporte un élément rassurant pour ceux qui auraient ce symptôme aujourd’hui. Ils risqueraient moins de développer une forme grave de la maladie.