Covid-19 : le traitement au plasma en urgence autorisé aux États-Unis
Le président Trump a annoncé une autorisation élargie du traitement au plasma contre le coronavirus. Mais pour le moment, aucun essai clinique n’a encore montré l’efficacité de cette technique.
Une "percée historique". C’est avec ces termes que le président des États-Unis Donald Trump a annoncé le 23 août l’autorisation en urgence du traitement au plasma contre le covid. Quelques minutes plus tôt, c’est l'agence américaine du médicament (FDA) qui révélait l'élargissement de l'autorisation de traitement, devançant ainsi le chef de l’Etat.
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Eliminer plus vite le virus
Cette technique, qui consiste à injecter du plasma sanguin de personnes guéries du coronavirus à des patients hospitalisés, est déjà largement utilisée aux États-Unis mais aussi en France, en Autriche, en Suisse, à Cuba et en Chine.
Son principe : injecter du plasma de personnes guéries, dit "plasma de convalescent", à des patients atteints du coronavirus pour les aider à éliminer plus vite le virus et à limiter ses dégâts sur l'organisme.
Car c’est dans le plasma que se trouvent les anticorps fabriqués par les malades et dirigés spécifiquement contre le virus. Donner à un patient le plasma et donc les anticorps de patients guéris pourrait donc aider son système immunitaire à s’en débarrasser.
Pas de preuve formelle de son efficacité
A ce jour, plus de 70.000 patients américains ont déjà reçu une transfusion de plasma de convalescent dans le cadre d'essais cliniques ou pour des malades en situation désespérée. L'autorisation délivrée le 23 août aux États-Unis va permettre d'élargir la population des patients susceptibles de recevoir une transfusion.
Mais si ce traitement a déjà produit des résultats, son efficacité exacte fait encore débat et comme l’a rappelé la FDA, il n’existe pas encore de preuve formelle de l’efficacité du plasma. Il présente en plus un risque d'effets secondaires et de transmission d'agents infectieux.
"Le plasma de personnes convalescentes marche probablement, même s'il faudrait le confirmer par des essais cliniques, mais pas comme traitement d'urgence pour des patients gravement atteints", prévient d’ailleurs le Dr Len Horovitz, interne spécialisé en pneumologie à l'hôpital Lenox Hill de New York.
Gare à l’effet d’annonce
La Professeure Karine Lacombe, cheffe du service "maladies infectieuses" à l'hôpital Saint-Antoine (Paris) reste également prudente : "Il faut savoir interpréter les annonces de Trump. Je pense que ce sont des annonces principalement à visée électorale" déplore-t-elle ce 24 août au micro de France Inter.
Car à ce jour, "aucun essai à l’international n’est terminé", ni l’essai français Coviplasm ni les essais menés aux États-Unis ou en Amérique du Sud rappelle-t-elle. Et pour le moment, les résultats obtenus sont "contradictoires", selon la professeure Lacombe. "Certains petits essais ont montré que ça marchait, d’autres ont montré que ça ne marchait pas" note-t-elle. "Souvent, quand ça ne marchait pas, c’est parce que le plasma était injecté trop tard dans l’évolution de la maladie". Et quand il est injecté plus tôt ? "On n’a pas encore de données pour l’instant" répond-elle.
Une limite qui pourrait en partie être levée par la nouvelle autorisation, puisqu’elle rend possible l’administration du plasma aux tout premiers signes de la maladie, souligne le docteur Horovitz.