Covid : les malades développent des anticorps, même en cas de forme mineure
Des soignants atteints d’une forme légère du Covid-19 ont quasiment tous développé des anticorps spécifiques du coronavirus, preuves d’une réponse immunitaire, selon des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CHU de Strasbourg.
Une immunité contre le Covid-19, même en cas de formes mineures. C’est la conclusion rassurante d’une enquête menée par des équipes du CHU de Strasbourg et de l’Institut Pasteur rendue publique le 22 mai sur le site de pré-publication MedRxiv.
Selon cette étude, même les personnes qui ne contractent qu’une forme légère du Covid-19 développent des anticorps capables de neutraliser le virus, ce qui pourrait leur conférer une immunité.
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Traquer les anticorps dans le sang de 160 soignants
Pour mener cette enquête, les chercheurs ont recruté 160 volontaires parmi les membres du personnel soignant des deux sites des Hôpitaux universitaires de Strasbourg testés positifs au SRAS-CoV-2 par test PCR. Ces 160 personnes avaient développé des formes mineures de la maladie et n’avaient pas nécessité d’hospitalisation.
Les chercheurs ont ensuite mesuré dans leur sang la présence d’anticorps, les molécules fabriquées par le corps pour se défendre contre un virus ou une bactérie. Leur présence prouve que le corps a développé une réponse immunitaire et, si ces anticorps sont "neutralisants", que l’organisme peut se protéger contre une éventuelle réinfection.
Les analyses de sang ont eu lieu entre 13 et 39 jours après l’apparition des symptômes.
L’objectif : comprendre la réponse immunitaire du corps contre le coronavirus en cas de formes mineures et savoir si ces formes suffisent à entraîner une immunité des patients.
Des anticorps dans 98% des échantillons
Résultats : "Des anticorps neutralisants ont été détectés dans 79%, 92% et 98% des échantillons prélevés, respectivement 13-20, 21-27 et 28-41 jours après le début des symptômes" révèlent les auteurs de l’étude dans un communiqué des hôpitaux de Strasbourg et de l’Institut Pasteur.
Autrement dit, "des anticorps contre le SRAS-CoV-2 sont présents chez pratiquement tout le personnel hospitalier testé préalablement positif par PCR" et "l'activité neutralisante des anticorps augmente au fil du temps" notent les chercheurs. Cela suggère que "les personnes développent une immunité potentiellement protectrice".
Une bonne nouvelle, donc, pour le professeur Arnaud Fontanet, un des auteurs de l’étude et responsable du département Santé globale à l’Institut Pasteur qui s’exprime dans le communiqué : "On savait que les personnes atteintes de formes sévères de la maladie développaient des anticorps dans les 15 jours qui suivaient le début des signes" rappelle-t-il. "On sait maintenant que c’est également vrai pour ceux qui font des formes mineures, même si les taux d’anticorps sont vraisemblablement plus faibles" ajoute le professeur Fontanet.
Une protection efficace et durable ?
Mais ces anticorps protègent-ils efficacement et durablement contre une nouvelle infection ? La question reste ouverte pour le moment. "Notre étude montre que les niveaux d’anticorps sont, dans la plupart des cas, compatibles avec une protection contre une nouvelle infection par SRAS-CoV-2, au moins jusqu’à 40 jours après le début des signes" commentent Timothée Bruel et Olivier Schwartz, respectivement chercheur et responsable de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur.
Prochain objectif, donc, pour ces chercheurs : "vérifier la persistance (des anticorps) dans le temps" et "(leur) capacité de neutralisation associée".
Mais pour l’heure, ces premiers résultats restent "encourageants" à la fois pour les malades et "pour les futures stratégies vaccinales", conclut la professeure Samira Fafi- Kremer, cheffe du service virologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et première autrice de l’étude.
Mais avant d’en savoir plus sur le pouvoir immunisant des anticorps, les soignants devront continuer à porter un équipement de protection et à respecter les gestes barrière, même lorsqu’ils possèdent des anticorps.