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Covid : l’immunité diminuerait six semaines après l’infection

Des anticorps neutralisants sont bien présents dans le sang des malades dans les deux semaines qui suivent l’infection mais leur efficacité semble diminuer six semaines après la contamination, selon une étude canadienne.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration. Représentation conceptuelle en 3D du coronavirus SARS-CoV-2 et d'anticorps spécifiques à ce virus.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Kateryna Kon

Combien de temps est-on immunisé contre le coronavirus ? Cette question anime les scientifiques depuis le début de la pandémie mais reste toujours sans réponse certaine.
Selon des chercheurs en infectiologie et en immunologie de l’université de Montréal, au Canada, l’immunité contre le Sars-Cov-2 pourrait décroître à partir de six semaines. C’est la conclusion de leur étude en pré-publication mise en ligne le 8 juin sur le site bioRxiv, en attente d’une validation par leurs pairs.

A lire aussi : Covid-19 : existe-t-il une immunité croisée entre les différents coronavirus ?

60% des malades fabriquent des anticorps neutralisants

Les chercheurs se sont intéressés aux anticorps neutralisants, des molécules que le système immunitaire fabrique quand le corps est exposé à un virus. L’intérêt de ces anticorps qui persistent dans le sang est qu’ils sont capables de reconnaître et de neutraliser le virus, évitant ainsi une deuxième infection. Pour le Sars-CoV-2, ils agissent spécifiquement en ciblant les protéines S (pour Spike, ou pic en anglais) situées à la surface du coronavirus et qui lui permettent de s’amarrer à une cellule cible pour y pénétrer. Ces anticorps sont essentiels pour combattre la maladie mais aussi pour développer un éventuel vaccin.

Les chercheurs canadiens ont travaillé avec les échantillons sanguins de 98 malades du Covid-19 et ceux de 10 personnes non infectées, prélevés avant l’émergence du Sars-CoV-2. Résultat : la majorité des individus infectés (60%) fabrique des anticorps neutralisants dans les deux semaines qui suivent la contamination. Et ces anticorps persistent même quand les symptômes ont disparu. Le chiffre de 60% semble faible mais "cela veut dire que les 40 % restants ont combattu l’infection sans ces anticorps neutralisants" rassure le professeur Andrés Finzi, co-auteur de l’étude interrogé par le média canadien La Presse.

Des anticorps moins efficaces six semaines après l’infection

Mais les chercheurs ont également constaté deux autres faits, moins rassurants. Le premier concerne l’efficacité des anticorps : si certains d’entre eux neutralisaient bien le coronavirus, d’autres le faisaient moins activement, voire pas du tout.
Deuxième constat : comme les chercheurs le redoutaient, la quantité de ces anticorps diminue avec le temps. Ainsi, six semaines après l’infection, les anticorps étaient globalement moins efficaces pour neutraliser le coronavirus. Et dans le corps humain, "il n’est pas certain que ce niveau réduit d’activité neutralisante reste suffisant pour protéger contre une réinfection" notent les chercheurs dans leur publication.
Un constat qui pourrait aussi compliquer l'éventuel protocole vaccinal à mettre en place contre le Covid : "cela veut probablement dire qu’il faudra un rappel pour le vaccin" commente encore le professeur Finzi dans La Presse.

Des résultats encore variables selon les études

Davantage d’études sont nécessaires pour savoir précisément combien de temps et à quel niveau les anticorps neutralisants sont efficaces. Pour le moment, les résultats varient selon les échantillons. En France par exemple, l’Institut Pasteur et les hôpitaux de Strasbourg observaient en mai des résultats similaires à ceux de l’université de Montréal : des anticorps neutralisants apparaissaient chez les 160 personnes testées dans l’étude dans les 15 jours suivant l’infection, et étaient toujours présents 40 jours – soit près de six semaines – après l’infection. Des analyses à plus long terme devraient permettre de savoir comment évolue ce niveau d’anticorps au-delà des 40 jours.

Plus récemment, le 9 juin, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (CDC) ont publié une étude portant sur 382 des 4.800 marins du Theodore Roosevelt, ce porte-avion frappé par l’épidémie de coronavirus en mars dernier. Selon les CDC, les militaires malades ont développé des anticorps neutralisants toujours efficaces trois mois après l’apparition des symptômes.

Prochaine étape, pour tous les scientifiques travaillant sur le sujet : déterminer le niveau de neutralisation minimum pour qu’un anticorps protège du coronavirus.

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