Deux millions d'actes médicaux déprogrammés au printemps à cause du Covid
Deux millions d’actes médicaux n’auraient pour la plupart pas été rattrapés depuis la fin du premier confinement, alerte la Fédération hospitalière de France (FHF). Un baisse d’activité inquiétante qui entraîne une perte de chance pour les patients.
Quel impact aura la covid sur le dépistage et le traitements des autres pathologies ? Dans une étude dévoilée dans le 22 novembre par le Journal du Dimanche, la Fédération hospitalière de France (FHF) s’inquiète des nombreux actes médicaux annulés lors de la première vague, qui n’ont toujours pas été rattrapés.
"Deux millions de séjours" en moins
Lors du premier confinement, les hôpitaux et cliniques monopolisées par la covid avaient en effet procédé à un report massif des activités chirurgicales et médicales. L’objectif était simple : libérer les blocs opératoires et les salles de réveil pour accueillir un maximum de patients covid en réanimation.
Résultat, en trois mois, entre mi-mars et juin 2020, les établissements de santé publics et privés auraient ainsi réalisé "deux millions de séjours" de moins qu’à la même période l’année précédente.
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Coloscopie, greffe de reins, infarctus…
De quels actes médicaux s’agit-il ? Plus de la moitié relèvent de la "petite" chirurgie : par rapport à la même période en 2019, il manque ainsi près de 1,1 million d'actes ambulatoire ou "peu invasifs" (-80%), dont environ 190.000 opérations de la cataracte et 140.000 coloscopies destinées au diagnostic du cancer colorectal (-87%).
Et même si ces actes sont considérés comme de la "petite" chirurgie, leur report peut avoir des lourdes conséquences en termes de perte de chance pour les patients. Retarder le diagnostic et donc le traitement de certains cancers par exemple, ne serait-ce que d’un mois, peut augmenter le risque de mortalité, alertait début novembre une étude dans le BMJ.
A ces actes s’ajoutent quelque 330.000 interventions plus "lourdes", dont un millier de greffes d'organes (surtout de reins, en baisse de 80%), et un demi-million de consultations et hospitalisations, dont environ 4.000 infarctus et 5.000 accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Plusieurs mois de rattrapage nécessaires
Problème : les données des mois de juillet et août ne montrent "pas de rattrapage dans les mois qui ont suivi" le déconfinement, malgré "un faible frémissement en ambulatoire pendant l'été" note la FHF.
Pour Frédéric Valletoux, président de la FHF, ce rattrapage sera forcément long. "A moyens humains constants, l’activité non réalisée entre mars et mai ne peut être rattrapée d’un coup, mais progressivement, en plusieurs mois" confie-t-il au JDD. Et avec la deuxième vague et la pression hivernale toujours intense, "pour l’hôpital, les perspectives restent sombres" s’inquiète-t-il
Il faudra donc attendre plusieurs mois pour avoir une idée plus précise de l’impact de l’épidémie de covid sur les autres soins. D’autant que cette première étude s’appuie pour le moment sur des "données non consolidées, avec un défaut d’exhaustivité et un risque de surévaluation de la baisse d’activité", tempère enfin la FHF.