États-Unis : une "clause coronavirus" pour participer aux meetings de Trump
Les partisans de Trump doivent signer une décharge de responsabilité pour participer aux meetings de campagne du Président. Le pays, lourdement frappé par l’épidémie, compte plus de 114.000 décès et le virus continue sa progression.
Pas de poursuite judiciaire en cas de contamination par le coronavirus. C’est ce à quoi s’engagent les partisans de Donald Trump qui souhaitent se rendre à ses prochains meetings. Le président des Etats-Unis a en effet annoncé le 10 juin une reprise des meetings de campagne dans quatre Etats (Oklahoma, Floride, Arizona et Caroline du Nord), malgré la pandémie de coronavirus qui continue d'y sévir.
En Floride, Arizona et Caroline du Nord le nombre de contaminations enregistrées est même reparti à la hausse. Mais sur le site internet de la campagne de Donald Trump, ses partisans doivent signer une décharge de responsabilité pour s'inscrire à ces événements.
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"Vous et les invités assumez tous les risques liés au Covid-19"
"En appuyant sur le bouton d'inscription en bas, vous acceptez qu'il existe un risque d'exposition au Covid-19 dans chaque endroit public où se trouvent d'autres personnes. En participant à ce meeting, vous et les invités présents assumez tous les risques liés au Covid-19", est-il écrit sur la page du meeting qui aura lieu dans l'Oklahoma le vendredi 19 juin.
Cette "clause coronavirus" demande également aux participants de ne pas faire porter la responsabilité d'une possible contamination à un membre ou affilié de la campagne de réélection du président. Par ailleurs, aucune mention du port du masque n'est faite.
Deux millions de cas, près de 114.000 morts
La reprise des meetings de campagne de Donald Trump dans des États-Unis frappés de plein fouet par l’épidémie de coronavirus pose question. A ce jour, le Sars-CoV-2 a infecté près de deux millions de personnes aux États-Unis, a causé près de 114.000 décès et continue de provoquer autour de 20.000 nouveaux cas par jour. La première puissance économique mondiale est donc, en valeur absolue, le pays le plus touché par la pandémie, tant en nombre de décès que de cas diagnostiqués.
Mais pourquoi ce pays peine-t-il tant à calmer l’épidémie quand le virus perd du terrain en Europe ? Selon les épidémiologistes, les chiffres stagnent aux États-Unis car une partie du pays a pris le relais de l'autre. "Nous n’avons pas agi assez vite et fort pour empêcher le virus de se propager au départ, et il s’est apparemment déplacé des foyers initiaux à d’autres zones urbaines et rurales", explique à l’AFP Tom Frieden, ancien directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
États du Nord contre États du Sud
Il y a d’un côté cinq États du Nord-Est, du New Jersey au Massachusetts avec New York au milieu, où la moitié des morts américains du Covid-19 ont été enregistrées. Cette région, grande comme un pays européen, a largement engagé la descente. New York compte par exemple 2.600 personnes hospitalisées contre 19.000 à la mi-avril, selon le gouverneur. Ces États ont aussi été les plus prudents dans le déconfinement.
À l’inverse, les régions moins urbanisées, le Midwest, le Sud et une partie de l’Ouest n’ont pas connu les engorgements des urgences et des morgues. Ces États ont ordonné le confinement plus tard et l’ont levé plus tôt. Et c’est là qu’aujourd’hui le virus circule le plus.
Une épidémie politique
Un phénomène renforcé par une politisation de la pandémie : les gouverneurs des États républicains ont eu tendance à minimiser le risque comme le président Donald Trump. Les États démocrates, "plus appliqués", ont pratiqué "une réouverture en sécurité", observe Sten Vermund, doyen de l’école de santé publique de l’université Yale.
Selon une moyenne de onze modèles épidémiologiques réalisée par des chercheurs de l'université du Massachusetts, le nombre de décès du Covid-19 devrait avoisiner les 130.000 morts dans le pays d'ici le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine.