La course contre la montre des chercheurs contre le coronavirus
Les chercheurs de l’Institut Pasteur disposent maintenant du virus recueilli à partir de malades. Ils ont mis au point un test de dépistage plus précis que celui qui existait jusque-là.
La première priorité des équipes de l’Institut Pasteur était de mettre au point un test diagnostique fiable. Ils ont d’abord travaillé à partir des séquences génétiques du coronavirus 2019 ncov envoyées par la Chine. Ils en ont extrait quatre parties caractéristiques afin de pouvoir détecter le virus.
« C’est toute cette stratégie qui est mise en place pour être certain de détecter à tous les coups le virus s’il est présent dans le prélèvement, parce qu’il ne faudrait pas qu’un patient pourtant infecté et qu’on ne détecte pas soit remis dans la population », explique Vincent Enouf, directeur-adjoint au Centre National de Référence des Virus des Infections Respiratoires, à l’Institut Pasteur.
Séquençage du virus
Depuis la détection en France des premiers cas de patients arrivés de Wuhan, l’équipe dispose du virus en plusieurs exemplaires. Elle en a immédiatement lancé le séquençage, l’identification génétique.
« Le fait de séquencer ce virus va nous permettre de vérifier si le virus que l’on a détecté chez des patients revenant de ces régions est toujours le même et donc on pourra déterminer ce qu’on appelle la diversité génétique, donc la diversité du génome de ce virus, pour déterminer s’il a muté énormément ou pas », explique Vincent Enouf, directeur-adjoint au Centre National de Référence des Virus des Infections Respiratoires, à l’Institut Pasteur.
Les résultats publiés ce matin montrent une faible évolution du virus retrouvé chez les patients hospitalisés en France par rapport aux premiers prélèvements chinois. Mais celui du patient de 80 ans reste à analyser. Une nouvelle mutation du virus pourrait expliquer la gravité de son état.
A la recherche d'un médicament
En parallèle des recherches génétiques, le coronavirus 2019 ncov a été mis en culture pour avancer sur les solutions thérapeutiques. « On va pouvoir par exemple tester des molécules qui ont déjà été créées vis-à-vis du SRAS, du MERS, des molécules pour soigner, des antiviraux par exemple, il y a des chercheurs qui travaillent déjà là-dessus. Et donc le fait d’avoir ce virus isolé, permettra de tester des molécules qui existent déjà et qui pourraient être des médicaments contre ce nouveau virus », précise Vincent Enouf, directeur-adjoint au Centre National de Référence des Virus des Infections Respiratoires, à l’Institut Pasteur.
Des modèles de vaccin en cours d’élaboration pour les autres coronavirus pourront aussi être testés.
Sans attendre, toutes les données sur l’évolution des cas dans le monde sont analysées pour mieux comprendre la dangerosité du virus, en commençant par sa capacité à se propager d’une personne à l’autre.
« Chaque malade atteint de ce nouveau coronavirus va infecter deux à trois personnes en absence de mesure de confinement, isolement etc… Donc bien évidemment, si on arrive à prendre des mesures qu’on appelle nous barrière pour protéger l’entourage, ce chiffre va baisser. Et l’idée c’est de faire baisser en dessous de 1 parce que si chaque personne infecte moins de 1 personne l’épidémie s’arrête », explique le Pr Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes, à l’Institut Pasteur.
Priorité à l'isolement des patients
Mais pour y parvenir, il faut réussir à isoler les patients avant qu’ils ne soient contagieux. Pour le virus du SRAS en 2004, ils ne pouvaient le transmettre que plusieurs jours après l’apparition des symptômes, ce qui a facilité le contrôle de l’épidémie.
« Avec ce nouveau coronavirus, malheureusement il semble que les patients puissent être contagieux plus tôt, dès le début des symptômes, voire peut-être pour quelques rares patients, en période d’incubation donc ils n’ont pas encore de symptômes. Et bien évidemment, le contrôle de l’épidémie sera plus difficile parce qu’il sera plus dur de mettre les patients en isolement avant qu’ils ne deviennent contagieux », explique le Pr Arnaud Fontanet.
Toute la communauté scientifique internationale est mobilisée pour faire face à ce nouveau virus. Les médecins et les chercheurs partagent à la fois les données sur l’état des patients, l’origine de leur contamination et la nature de leur virus. Une véritable course contre la montre pour limiter le nombre de victimes.