Les PMA à l’étranger interrompues par la crise sanitaire
Pour les milliers de Françaises en cours de PMA à l’étranger, tout s’est arrêté du jour au lendemain avec la crise sanitaire et le confinement. Aujourd’hui, les frontières s’ouvrent peu à peu et les traitements reprennent. Mais, la prise en charge a pris du retard.
La pandémie, c’est l’énième obstacle dans l’aventure en solitaire de Sophie. Depuis 2 ans et demi, la quadragénaire suit un protocole de procréation médicalement assistée à Madrid pour tenter d’avoir un enfant. Son troisième transfert d’embryon devait avoir lieu fin avril.
Mais avec le confinement, tout s’est brutalement interrompu. ”Je vais avoir 42 ans. Ça va diminuer mes chances de grossesse d’attendre encore trois mois de plus. Et, puis il y a le gros point d’interrogation : quand est-ce que je vais pouvoir y retourner ? Parce que là, on n’a plus du tout aucune visibilité.”
Un impact psychologique
A l’étranger pour Sophie, mais aussi en France, tous les protocoles de PMA jugés non-urgents ont été arrêtés. Il s’agit d’une mesure de précaution pour éviter d’éventuelles contaminations face à ce virus aux nombreuses inconnues. Mais, ces trois mois de retard constituent-ils une perte de chance pour ces patientes préoccupées par l’horloge biologique ?
Le Pr Michaël Grynberg, gynécologue-obstétricien et spécialiste de la reproduction, se veut rassurant. “Physiologiquement, je ne crois pas qu’une perte de deux, trois, quatre mois, à échelle de la fonction ovarienne, ne soit si délétère que ça. Le problème n’est pas médical, mais plus psychologique. On peut comprendre que ce soit particulièrement lourd pour ces femmes qui attendent déjà un certain temps d’avoir leur prise en charge. Elle est encore une fois repoussée, sans savoir exactement quand est-ce qu’elle pourra reprendre en plus.”
Un protocole sanitaire strict dans les cliniques espagnoles
Difficulté supplémentaire pour Sophie : les frontières avec l’Espagne sont pour l’instant fermées jusqu’à début juillet. Pourtant, les centres PMA, à Barcelone notamment, sont déjà prêts. Test PCR obligatoire, mesures de distanciation sociale, priorisation de certaines patientes… le protocole sanitaire y est strict.
Le Dr Clara Colomé, sous-directrice médicale de la Clinique Eugin à Barcelone, explique : “depuis mi-mai, pour les patients étrangers, on a commencé à refaire des traitements en évitant bien-sûr les patientes qui sont plus à risque pour la maladie du coronavirus. Toutes ces femmes qui ont un surpoids très important, une hypertension, du diabète, des maladies cardiovasculaires. Ces femmes-là, on leur demande de patienter un petit peu plus.”
Sophie n’est pas concernée par ces contre-indications. Elle devrait pouvoir reprendre les traitements fin juin. Le meilleur dénouement de cette pandémie serait pour elle le début d’une grossesse.