Peut-on oui ou non laver son masque chirurgical ?
Un chercheur français affirme que les masques chirurgicaux sont lavables et donc réutilisables. Pourtant, selon les normes et les recommandations officielles, il s’agit bien d’un dispositif à usage unique.
"On peut laver son masque chirurgical." C’est ce que Philippe Vroman, enseignant-chercheur au laboratoire Gemtex de l'Ecole nationale supérieure des Arts et industries textiles (Ensait) à Roubaix, affirmait au micro de France Bleu Nord le 21 septembre. Une déclaration qui n’a pas tardé à déclencher une vive polémique dans les milieux scientifiques.
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"Plus efficace que les autres" après lavage ?
Comme le rappelle ce spécialiste le masque chirurgical "a une efficacité globalement supérieure à la moyenne des autres masques". Il est en effet constitué d’une matière, appelée Melt Blown, composée de trois épaisseurs, et est recouvert d’une charge électrostatique qui permet un niveau de filtration élevé. Mais "même après avoir été lavé et donc perdu sa charge électrostatique, ce masque reste plus efficace que les autres" avance Philippe Vroman.
Car si le lavage enlève la charge électrostatique, la matière particulière reste hautement filtrante. Un masque chirurgical lavé filtrerait donc davantage de particules et des particules plus petites que les masques lavables en tissu.
Pas encore de données scientifiques
Problème : leur résistance au lavage n’a pas encore été scientifiquement étudiée. "La piste n'avait pas été explorée jusqu'à présent puisque ça n'était pas l'usage de ce masque chirurgical" justifie Philippe Vroman. Réservés jusqu’ici à un cadre strictement médical, il n’était en effet pas question de le laver et donc de perdre sa charge électrostatique. Un paradigme qui pourrait évoluer quand il est utilisé par le grand public. Dans ce cas, le chercheur évoque des "résultats intéressants jusqu’à cinq lavages".
"Usage unique" pour l’Afnor
Pourtant, les consignes de l’Association française de normalisation (Afnor) sont claires : "un masque chirurgical est un dispositif médical à usage unique".
Même son de cloche du côté de l’Académie de médecine, qui confirme que les masques "alternatifs" comme les masques en tissu "ont des performances légèrement inférieures à celles des masques chirurgicaux en termes de filtration et d’étanchéité", mais qui ne mentionne le lavage "à la main ou en machine" que pour les masques en tissus.
Des études doivent donc être menées pour déterminer l’efficacité d’un masque chirurgical lavé. Si celle-ci est confirmée, il faudra ensuite que les autorités sanitaires précisent la température et le nombre de lavages autorisés.