Pourquoi les transferts hors d'Île-de-France patinent
Pour lutter contre la saturation des réanimations d'Île-de-France, une centaine d'évacuations sanitaires étaient prévues cette semaine. Mais elles sont complexes à organiser.
Le 17 mars, les services de réanimation d'Île-de-France à eux seuls accueillaient 1161 malades de la Covid-19. Pour faire face à cette saturation, l'évacuation sanitaire est le dernier recours. Encore faut-il que le patient remplisse des critères très précis : être stable depuis 24h en réanimation, être intubé avec moins de 60% d’apport en oxygène, nécessiter peu de médicaments pour le maintien de la tension artérielle et peser moins de 100 kg.
Une mesure insuffisante
La famille doit ensuite donner son accord : une décision difficile selon Pr. Stéphane Gaudry, médecin réanimateur à l’hôpital Avicenne de Bobigny. "L’année dernière, nous étions en situation extrêmement grave lorsqu’on a décidé de faire des transports et donc, c’était pour sauver des vies, explique-t-il.
Cette année, c’est pour éviter des mesures de confinement et il faut comprendre que certaines familles peuvent considérer que ce qui est important pour eux, c’est d’être proche de leur conjoint ou conjointe qui est dans une situation critique."
Une dizaine de transferts
Pour Pr Jean-Michel Constantin, chef de service de réanimation à l'hôpital La Pitié Salpêtrière, ces évacuations ne suffiront pas. "Faire des transferts si on ne coupe pas le robinet en amont, c’est illusoire, se désespère-t-il. C’est écoper une barque dans laquelle il y a un trou énorme. Ce qu’on peut espérer, c'est rapidement un confinement." Jusqu’ici, seule une dizaine de patients ont été évacués hors d’Ile-de-France.