Qu'appelle-t-on la "tempête cytokinique" qui peut entraîner le décès rapide des patients en réa ?
Comme Patrick Devedjian, ancien ministre décédé le 29 mars dernier, de nombreux patients hospitalisés en réanimation peuvent s'aggraver très rapidement après 7 ou 8 jours. On vous explique pourquoi.
Une fois admis en réanimation, l’état des patients atteints par le coronavirus se dégrade parfois très rapidement. En cause, souvent, un emballement du système immunitaire. En effet, en réaction à la présence du coronavirus dans l'organisme, notre corps se met à attaquer les tissus infectés mais aussi les cellules saines.
Une tempête cytokinique avec hyper-inflammation
Il s'agit d'une réponse disproportionnée de l’organisme, comme le confirme le Professeur Anne-Claude Crémieux, infectiologue dans le service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Louis à Paris : « Lorsque cette réponse immunitaire est trop stimulée c’est ce qu’on appelle un état de tempête cytokinique avec une hyper-inflammation. À ce moment-là au lieu de nous aider, cette réponse immunitaire va au contraire être défavorable, délétère, et entraîner des défaillances de plusieurs organes vitaux avec un risque de décès. »
Un emballement pouvant aller jusqu’au choc toxique
Cette sur-production de cytokines, les protéines chargées de cibler les tissus infectés, peut aussi provoquer le décès lors d’un choc toxique, causé par exemple par un tampon hygiénique porté trop longtemps. Le phénomène est donc connu des médecins. Il était jusqu’ici traité avec des corticoïdes. Mais les résultats restent peu probants.
De nouveaux traitements sont donc nécessaires pour apprendre à contrôler cette tempête cytokinique. « Parmi les pistes thérapeutiques, il y a des anticorps monoclonaux qui vont s’opposer à la production de cytokines. C’est une molécule qui est déjà connue, qui est utilisée dans les polyarthrites rhumatoïdes et qui dans ces dans ces tempêtes cytokiniques liées au coronavirus, a l’air d’améliorer clairement l'état des patients », confirme cette spécialiste.
Ce traitement, le tocilizumab, a été récemment testé en Chine suite à l’épidémie de Covid-19. Les premiers résultats sont jugés prometteurs.