« Santé Publique France ne sait pas pourquoi les soignants n’ont pas de masques, c’est un peu fort de café ! »
Dans son bilan épidémiologique du 23 juillet, Santé Publique France note que les soignants ont très peu porté de masques au début de l’épidémie puisqu’il n’est pas « possible à ce stade d’en identifier les raisons ». Colère des intéressés.
Ils ou elles sont médecins, infirmier.e.s, aides-soignant.e.s... Ils ont été en première ligne pendant l'épidémie, pour certains au péril de leur santé ou de leur vie... Et aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, ils sont scandalisés.
Le 23 juillet, dans son point hebdomadaire de suivi du Covid-19, Santé Publique France a publié les premiers résultats d’une étude sur le port du masque chez les soignants entre le 17 avril et le 9 juin 2020. L’institution conclut qu'ils n’ont pas assez porté le masque, « sans qu’il soit possible à ce stade d’en identifier les raisons ».
Cette formulation a déclenché l’ire de médecins et de syndicats sur les réseaux sociaux. Santé Publique France semble oublier la pénurie de masques et d'équipements de protection subie par tout le personnel soignant dès le début de l'épidémie.
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Les syndicats en colère
« Dans les 15 premiers jours des interventions, les médecins n’avaient pas du tout de moyens de protection », s’exclame Jérôme Marty. Le président de l’UFML fulmine.
Selon lui, la raison pour laquelle les soignants ne portaient pas de masques est très simple : « On a fourni les pharmacies avec une extrême parcimonie, quel que soit le nombre de professionnels libéraux qui en dépendaient. On a demandé aux pharmacies de choisir qui elles allaient protéger ! »
Ce médecin généraliste raconte que beaucoup ressentent même une forme de culpabilité à l’idée d’avoir pu transmettre le virus à des patients. « Les syndicats avaient lancé l’alerte en mars, surtout dans les EHPAD : il y a eu 40 morts en dix jours dans certains d’entre eux, et on met la responsabilité sur le dos des soignants ! »
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Décès chez les soignants
« On manquait partout, notamment dans les régions où l’épidémie a frappé le plus durement », décrit le président de l’UFML. « Les témoignages des familles de soignants décédés sont toujours les mêmes : "il exerçait au départ, et il ne trouvait pas de masque".
Au côté d’autres collectifs, le syndicat a déposé plainte en juin contre l’Etat pour faire la lumière sur la manière dont la crise sanitaire a été gérée. « Il y a une faute, de défaut de protection et de mise en danger d’autrui », commente le Dr Marty. On porte plainte contre l’Etat, car il a manqué à sa mission. »
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Le gouvernement a viré de bord
« Depuis le début, on a construit l’organisation des soins sur le manque, et non sur la réalité scientifique », déplore le président de l’UFML. La position du ministre de la Santé Olivier Véran a en effet changé du tout au tout entre mars et juillet. Le 6 mars, il déclarait : « L’usage du masque par la population générale n’est pas recommandé et n’est pas utile ».
En 5 mois, le changement est radical. Pour preuve ses dernières déclarations du 29 juillet « Si vous êtes dans une rue où il y a plusieurs personnes et que vous n’êtes pas sûr de pouvoir garder la distance, le port du masque, moi, je le recommande ».
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Des recommandations déjà formulées en avril
Le Dr Marty se souvient que dans l’avis n°6 du conseil scientifique au sujet de la sortie progressive du confinement, la position de Jean-Laurent Casanova est clairement définie comme différente de celle du reste du conseil.
Un astérisque mentionne clairement : « Position de Jean-Laurent Casanova : les masques FFP2 (ou N-95) doivent être disponibles et accessibles pour l’ensemble des professionnels de santé au contact de patients infectés ou potentiellement infectés, et donc contagieux. Ces soignants sont à haut risque de contamination. Pour la population générale, des masques chirurgicaux ou équivalents sont suffisants. »
« Quand on s’appelle Santé Publique France et qu’on ne connaît pas l’origine du manque de masques, c’est un peu fort de café », conclut Jérôme Marty.
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Responsabilité des institutions ?
Jérôme Marty pointe la haute autorité de santé (HAS) et les CPias, qui sont respectivement chargés de surveiller la qualité des soins et les infections nosocomiales (contractées au cours d’un séjour dans un établissement de santé). « Ces organismes n’ont pas du tout pris position, qu’est-ce qu’ils faisaient ? C’est le cœur de leur métier ! »
Selon lui, la HAS aurait dû intervenir au sujet du manque de masques. Les CPias quant à eux avaient la responsabilité de la contamination dans les hôpitaux. « Si ces organismes servent juste à éditer des procédures sans qu’on puisse les respecter, ils ne servent à rien. Quand on a eu véritablement besoin d’eux, ils ont été complètement absents », accuse le président de l’UFML.
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