Sur les réseaux sociaux, l’épidémie de covid a commencé en janvier 2020 !
Sur Twitter, le mot "pneumonie" a gagné de l’ampleur en janvier 2020 dans les régions ensuite identifiées comme foyer épidémique, selon une étude italienne. Un argument pour utiliser les réseaux sociaux comme outil de suivi de l'épidémie.
En janvier 2020 le coronavirus circulait déjà… sur les réseaux sociaux. Selon une étude italienne publiée le 25 janvier 2021 dans la revue Nature Scientific Reports, les publications Twitter traduisent une hausse des préoccupations concernant les pneumonies en Europe entre fin 2019 et début 2020.
Derrière la "pneumonie", le début du covid
Pour cette étude, des chercheurs en économie et statistiques à l’IMT School for Advanced Studies à Lucca, en Italie, ont créé une base de données regroupant tous les tweets contenant le mot-clé "pneumonie" de décembre 2014 au 1er mars 2020 dans les sept langues les plus parlées d’Europe : anglais, allemand, français, italien, espagnol, polonais et néerlandais.
Pourquoi ce mot-clé ? Parce que c’est une évolution possible d’une infection au coronavirus. Et comme la saison de grippe 2020 a été relativement bénigne, elle était probablement à l’origine de peu de complications pulmonaires. Qui disait "pneumonie" en janvier 2020 disait donc probablement "covid" sans le savoir.
Lombardie, Madrid, Île-de-France
Résultat ? Dès janvier 2020, le nombre de tweets comprenant le mot-clé "pneumonie" augmente dans la plupart des pays européens. En Italie, par exemple, où les premières mesures de confinement ont démarré le 22 février 2020, il y a davantage de mentions de pneumonie au cours des premières semaines de 2020 qu’à la même période, en 2019.
Mieux, en géolocalisant 13.000 tweets, les chercheurs se sont aperçus que les premiers signaux d’alerte provenaient exactement des régions où les premiers foyers ont ensuite été détectés : la Lombardie en Italie, Madrid pour l'Espagne et l'Île-de-France pour la France.
Ainsi, pour l’exemple de la Lombardie, les tweets ont témoigné de la présence de cas dès début janvier, soit plusieurs semaines avant l’annonce de la première infection locale de covid et des premières mesures de confinement initiées le 20 février dans cette région.
Un outil de surveillance ?
"Notre étude est une preuve supplémentaire que les réseaux sociaux peuvent constituer un outil utile de surveillance épidémiologique" explique Massimo Riccaboni, professeur d’économie et co-auteur de l’étude dans un communiqué de l’IMT. "Ils peuvent aider à intercepter les premiers signes d’une nouvelle maladie, avant qu’elle ne prolifère silencieusement, et aussi à suivre sa propagation" poursuit-il.
Un constat d’autant plus vrai pour le covid-19, pour lequel les signaux d’alerte précoce sont encore mal identifiés. Dans les mois et les années à venir, une surveillance des réseaux sociaux pourrait donc, selon les auteurs de l’étude, constituer une aide précieuse pour les autorités de santé pour diminuer les risques de résurgence. Soit en adoptant localement des mesures strictes de distanciation sociale en cas d’alerte, ou au contraire en les atténuant dans d’autres régions plus calmes.