Ebola : des espoirs et des craintes
Alors que le Sénégal ferme ses frontières avec la Guinée et que le ministère de l'Intérieur congolais annonce treize morts de fièvre "d'origine indéterminée", le coordinateur de l'ONU chargé de lutter contre le virus Ebola veut se tenir prêt à "affronter une flambée si nécessaire" de l'épidémie.
"Ce que je suis déterminé à faire, est d'assurer que chaque élément de notre appareil est à son niveau optimal afin de pouvoir affronter une flambée si nécessaire", a déclaré le Dr Nabarro à l'AFP lors d'une escale à l'aéroport de Conakry, à destination de Monrovia. "Soit nous sommes proches d'un pallier (dans la propagation de l'épidémie, NDLR), mais ensuite elle retombera, soit nous sommes dans une phase, à un point d'inflexion, où elle va augmenter, mais je ne peux absolument pas me prononcer", a averti l'épidémiologiste britannique.
Fermeture des frontières
Des pays comme le Sénégal et l'Afrique du Sud préfère s'assurer la sécurité en fermant leurs frontières aux pays touchés par l'épidémie Ebola. "Cette mesure est étendue aux frontières aériennes et maritimes pour les aéronefs et navires en provenance de la République de Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia", a indiqué le ministère sénégalais de l'Intérieur.
L'Afrique du Sud a elle aussi annoncé la fermeture de ses frontières aux voyageurs en provenance de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone, et une surveillance médicale pour ses citoyens qui en reviendraient.
Des difficultés freinent l'intervention des ONG
Malgré les mesures prises par les pays atteints par l'épidémie, les efforts pour limiter la propagation restent vains. Au Libéria, où le couvre-feu est en vigueur depuis mercredi soir et deux quartiers à la périphérie de Monrovia ont été mis en quarantaine, la Croix-Rouge a jugé nécessaire, "face à une calamité de cette ampleur", de confier la coordination de la lutte à une organisation internationale, plutôt qu'aux autorités nationales qui peinent à maîtriser la situation.
Le manque de personnels formés et expérimentés limitent les organisations humanitaires, selon Médecins sans frontières (MSF) présente sur place depuis le mois de février. De plus, l'ONG doit faire face à une population d'Afrique de l'Ouest qui refuse parfois de se faire soigner en raison de l'absence de véritable traitement efficace contre le virus Ebola.
La faible capacité de l'unique crématorium du pays, qui appartient à la communauté indienne suivant les rites funéraires hindouistes, est largement dépassée par les dizaines de corps collectés quotidiennement, dont bon nombre plusieurs jours après la mort, a souligné le secrétaire général de la Croix-Rouge libérienne Fayah Tamba.
La guérison de deux Américains donne de l'espoir
Un soupçon d'espoir est néanmoins apparu avec "l'amélioration significative", selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l'état d'un médecin et d'une infirmière, deux des trois praticiens libériens soignés avec un sérum expérimental américain, le ZMapp. Le troisième, un autre médecin, va mieux, mais reste dans un état grave, indique l'OMS. Aux Etats-Unis, les deux premières personnes à avoir bénéficié du ZMapp, le docteur Brantly et la missionnaire Nancy Writebol de l'organisation caritative américaine Samaritan's Purse, sont sortis guéris de l'hôpital, où ils avaient été admis après leur rapatriement sanitaire.
Ebola a fait au moins 1.350 morts, dont 576 au Liberia, 396 en Guinée et 374 en Sierra Leone, selon le dernier bilan de l'OMS, arrêté au 18 août.
Le virus Ebola a été découvert pour la première fois en 1976, dans la province congolaise de l'Equateur (nord-ouest). Depuis, la République démocratique du Congo (RDC) a connu plusieurs épidémies meurtrières. La dernière a fait officiellement 36 morts d'août à novembre 2012 dans le Nord-Est.