Ebola : P4, la chambre d'isolement des patients hautement contagieux
L'hôpital de la Croix-Rousse, comme huit autres hôpitaux français, est prêt à accueillir d'éventuels patients atteints du virus Ebola, dans une unité de grand isolement, hautement spécialisée. On l'appelle la chambre d'isolement à pression négative, dite chambre P4.
Comme cet établissement des Hospices civils de Lyon (HCL), les huit autres hôpitaux français, dont trois à Paris et sa région, font office de centres de référence pour cette pathologie émergente hautement contagieuse.
L'hôpital dispose notamment, au sein de son service des maladies infectieuses et tropicales, d'une chambre d'isolement de haute sécurité, dite chambre P4, aménagée pour éviter toute contagion.
"Pour pénétrer dans cette chambre à pression négative et uniquement accessible par un code, il faut passer deux sas successifs", a expliqué vendredi à la presse le professeur Christian Chidiac, chef adjoint du service. Le premier est destiné à l'habillage des personnels, qui doivent tous porter une combinaison adaptée, le second à la préparation des soins, a précisé le médecin.
Chambre P4 : des protocoles très stricts
Des protocoles très stricts encadrent l'accueil d'éventuels malades Ebola, notamment pour le personnel. Car si le virus "n'est pas transmissible comme la grippe, la rougeole ou la varicelle, le risque majeur est le contact avec le sang lors de prélèvements ou de soins", a expliqué le professeur Chidiac. La contagion de la fièvre hémorragique suppose en effet un contact direct avec le sang ou des fluides biologiques, comme la salive, les selles, des vomissements.
La chambre P4 permet de maintenir aux éventuels malades d'Ebola un bon équilibre hydroélectrique, avec réhydratation, oxygénation et transfusion sanguine au besoin, selon l'hôpital.
Cette chambre aménagée pour accueillir des patients hautement contagieux est totalement hermétique et constituée de plusieurs sas de décontamination et de portes étanches. L'air qui circule dans l'unité de confinement biologique est hautement filtré, de plus la pression de l'air à l'intérieur est légèrement inférieure à celle de l'extérieur. Ainsi les particules qui circulent à l'intérieur de la chambre ne peuvent pas s'échapper à l'ouverture d'une porte. Le personnel soignant, vêtu de "scaphandres" doit en outre se conformer à des mesures de protection très strictes, impliquant des phases de stérilisation/désinfection avant et après intervention dans l'unité.
Actuellement occupée par un patient atteint d'une tuberculose multirésistante et donc accessible au seul personnel médical, la chambre d'isolement de Lyon n'a accueilli ces dernières semaines que deux "cas suspects" de virus Ebola, des personnes qui revenaient de pays actuellement touchés par la pandémie. Les tests se sont heureusement révélés négatifs.
Des cas suspects, pas de cas avérés
Ne sont considérés comme cas suspects que les personnes se présentant dans les 21 jours après leur retour d'une zone à risque, avec une fièvre à plus de 38,5 °C et ayant eu une exposition à risque ou présentant des signes compatibles avec Ebola, a énuméré le Pr Chidiac. Aucun "cas avérés" (c'est-à-dire confirmés par des tests biologiques d'infection par le virus) n'ont été signalés à ce jour en France.
Actuellement, le service du Pr Chidiac reçoit "un ou deux appels par jour" d'hôpitaux ou de médecins de la région signalant des patients dont les symptômes pourraient relever d'une contagion par le virus, mais ne correspondant pas à la maladie, a encore indiqué le praticien qui ne dénote "pas d'angoisse comme lors de la dernière pandémie de grippe".
"Le risque d'une épidémie en France est infime, les conditions climatiques, les modes de vie et les traditions qui favorisent la transmission en Afrique de l'Ouest n'étant pas réunies dans notre pays", note l'hôpital.