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Le nectar des fleurs modifie la transmission du paludisme

Jusqu'à présent, le contexte écologique de la transmission du paludisme a fait l'objet de peu de recherches. Des chercheurs français ont découvert que les sucres naturels de fleurs ou de fruits consommés par les moustiques peuvent, selon les cas, augmenter ou au contraire freiner leur capacité à transmettre le paludisme.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
CC BY-NC

On savait que l'alimentation sucrée des moustiques, qui se nourrissent aussi de sang (humain ou animal), a un impact sur leur durée de vie. En revanche, l'influence de la diversité des plantes sur leur capacité à transmettre le parasite restait peu connue. D'après l'étude publiée le 4 août 2016 dans la revue Plos Pathogens, la plantation d'espèces végétales pourrait être une piste pour lutter contre le paludisme. Les chercheurs ont donc passé à la loupe leur alimentation. Ils se sont intéressés plus particulièrement à celle du moustique Anopheles coluzzii, un des vecteurs majeurs du parasite en Afrique subsaharienne.

En laboratoire, les chercheurs ont nourri des moustiques avec des sucres naturels, issus de nectars de plantes ornementales (Barleria lupilina et la Thevetia neriifolia surnommée laurier jaune) et de fruits (mangue et raisin sauvage) collectés dans les jardins et parcs de la ville de Bobo Dioulasso (Burkina Faso). Un groupe de moustiques témoin a reçu pour sa part de l'eau sucrée à 5%. 24 heures après, les moustiques se sont vu offrir un repas de sang infecté par le parasite. Pendant quatorze jours (durée de développement du parasite dans le moustique), l'alimentation des moustiques a continué avec l'une des sources de sucre (fleur, fruit ou solution d'eau sucrée). 

D'après leurs calculs et observations, les chercheurs soulignent que l'alimentation en sucres naturels influence significativement le développement du parasite, la fécondité des moustiques ainsi que leur longévité. Ainsi, les moustiques nourris avec du nectar du laurier jaune (T. neriifolia) ont montré une baisse de 30% de leur capacité de transmission du paludisme, alors que ceux gorgés de nectar du "raisinier" L.microcarpa et de la plante B.lupilina, ont vu leur potentiel de transmission augmenter de 30 à 40%, selon les chercheurs.

Les mécanismes d'actions précis restent inconnus, mais des composés toxiques pour le parasite pourraient être impliqués, d'après les auteurs, Domonbabele Hien de l'Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS) et Thierry Lefevre (IRSS-IRD-CNRS) au Burkina Faso et des collègues anglais et suédois à l'origine de ce travail. 

Des recherches sur une plus large gamme de plantes sont cependant nécessaires, afin notamment d'identifier des espèces qui pourraient potentiellement bloquer la transmission du parasite, note l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

Le paludisme est responsable de plus de 430.000 décès par an, dont 90% sur le continent africain. Il est dû à un parasite, Plasmodium falciparum, transmis à l'homme par des moustiques femelles Anopheles.

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