Poliomyélite : le vaccin simplifié à grande échelle
Sur trois souches connues du "poliovirus sauvage", responsable de la poliomyélite, l’une est considérée comme éradiquée depuis 1999. Pourtant, le vaccin couramment utilisé à travers le monde incorpore encore l’antigène de cette souche disparue, sous la forme d’un virus vivant atténué. Si le rapport bénéfice/risque était très important lorsque le virus était en circulation, ce n’est désormais plus le cas. L’Organisation mondiale de la santé a fixé, à fin avril, le remplacement de tous les vaccins anti-poliomyélite, à l’échelle mondiale.
Depuis 18 mois, l'OMS et 155 pays et territoires concernés se préparent à un grand changement, a expliqué ce 17 avril le porte-parole du programme d'éradication de la maladie à l'OMS, lors d'une conférence de presse à Genève. Les pays disposent en effet de deux semaines pour changer les vaccins utilisés contre la poliomyélite.
Cette maladie, très contagieuse, est provoquée par un virus (poliovirus sauvage) qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner une paralysie totale en quelques heures. La vaccination est donc essentielle en zone d’épidémie.
"Le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) contient une forme atténuée (affaiblie) du poliovirus qui active une réponse immunitaire de l’organisme", explique l’OMS sur son site Internet. "Quand le VPO est administré à un enfant, la souche vaccinale affaiblie se réplique dans l’intestin pendant une période limitée, ce qui lui permet de développer son immunité en synthétisant des anticorps. Pendant ce temps, la souche vaccinale est également excrétée".
"Dans les zones où l’assainissement est insuffisant, ces virus vaccinaux excrétés peuvent se propager dans la communauté locale (ce qui peut conférer la protection à d’autres enfants par le biais de l’immunisation « passive ») avant de finir par s’éteindre." Mais il arrive de temps en temps, dans les populations présentant une très faible immunité, "que la souche vaccinale excrétée puisse continuer de circuler sur une durée prolongée. Plus elle survit longtemps, plus elle peut subir de mutations génétiques. Dans de très rares cas, le virus acquiert, par mutation, la capacité de provoquer une paralysie et il est devenu ce que l’on appelle un poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale".
Sur les 3 souches de poliovirus sauvage (type 1, type 2 et type 3), celle de type 2 a été éradiquée en 1999. Les rares infections causées par la souche atténuée du type 2 présente dans le vaccin antipoliomyélitique oral trivalent (par la contamination de l’eau par les matières fécales) constituent désormais un risque bien trop important, face à un bénéfice désormais inexistant.
Pour diminuer le risque d'infection par ce vaccin de type 2, les experts de l'OMS recommandent aux pays d'utiliser désormais une version dite "bivalente" du vaccin, qui ne contient plus que des souches de types 1 et 3.
"Environ 300 millions de doses de vaccins bivalents seront utilisées dans les programmes d'immunisation de routine dans le monde", a expliqué M. Rosenbauer.
Pour veiller à ce que la transition ait lieu comme prévue, des milliers d'observateurs indépendants confirmeront l'absence du vaccin actuel dans les installations publiques et privées et les lieux de stockage réfrigérés.
"Nous sommes plus proches que jamais de mettre fin à la polio dans le monde entier, ce qui est la raison pour laquelle nous sommes en mesure de procéder à ce remplacement synchronisé", a affirmé pour sa part le directeur de l'éradication de la poliomyélite à l'OMS, Michel Zaffran.
Le monde est "plus proche que jamais" de mettre fin à la maladie, a annoncé à Genève le porte-parole de l’OMS ce 17 avril. Il a rappelé que le poliovirus sauvage était endémique dans plus de 125 pays en 1988. Depuis août 2014, aucun cas n’a été recensé en Afrique. Quelques cas ont été signalés fin 2015 en Ukraine. Le virus reste très virulent en Afghanistan et au Pakistan.