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PrEP : pourquoi la campagne de Aides suscite-t-elle l'incompréhension ?

La campagne de publicité pour l'utilisation de la Prep, traitement préventif contre le VIH, ne mentionne pas le préservatif. Une omission qui a interpellé certains de nos lecteurs.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
©Aides

"PrEP : un comprimé par jour vous protège du VIH." Par ces quelques mots, l’association Aides a lancé sa compagne de promotion du traitement préventif contre le virus du sida en juillet dernier. Plusieurs affiches ont circulé, mettant en scène des couples hétérosexuels et homosexuels. Mais certains lecteurs d’Allodocteurs.fr – qui ont contacté la rédaction sur les réseaux sociaux – ont noté qu’aucune de ces affiches ne comportait de référence au préservatif.

D’où des craintes de leur part. "Comment peut-on autoriser la diffusion de cette publicité, alors que l’enjeu majeur de santé publique est d’endiguer l’utilisation non systématique du préservatif ? Premièrement, on a constaté une augmentation des comportements à risques chez les 15-24 ans ces six années. Deuxièmement, les infections sexuellement transmissibles ont été multipliées par trois sur la même période" nous a notamment indiqué un internaute.

"Tout mettre sur l’affiche aurait brouillé le message"

Que penser de ce choix de communication ? Est-ce un fâcheux oubli, ou au contraire un choix délibéré ? Interrogée à ce sujet, Camille Spire, membre du conseil d'administration de Aides, nous expose les arguments de l’association. "L’objectif ici, c’était de faire connaître la PrEP", commence-t-elle.

Le traitement par PrEP s'adresse aux personnes à haut risque de contracter le VIH. Il réduit le risque, mais ne l'élimine pas totalement, à l'inverse du préservatif. Il ne protège pas non plus des autres infections sexuellement transmissibles, et il n'est pas un moyen de contraception. La PrEP est donc considérée par la Haute autorité de santé (HAS) comme un outil complémentaire de la stratégie de prévention. En France, un peu plus de 7.000 personnes prennent ce traitement préventif, mis sur le marché en 2016. "C’est bien, mais pas suffisant", d'après Camille Spire. Le souci principal était donc celui de la clarté. "On n’a pas du tout mentionné l’importance du préservatif, car tout mettre sur l’affiche, c’était compliqué. Ca aurait brouillé le message", estime la membre de Aides.

Les travailleuses du sexe particulièrement ciblées

D’autant que cette campagne cible, justement, les personnes qui ne portent pas systématiquement de préservatif lors de rapports à risques. "On essaie notamment de toucher les travailleuses du sexe, qui sont parfois dans l’impossibilité d’imposer le port du préservatif à leurs clients. Elles présentent un cumul de vulnérabilités", note Camille Spire. Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes font également partie du cœur de cible, indique la membre du conseil d’administration de Aides. Non pas parce qu’ils portent moins de préservatifs, "une idée reçue", mais parce que le VIH circule davantage dans leur communauté. "Logiquement, ils sont plus exposés", précise Camille Spire. Pour ces hommes-là, l’enjeu est donc de taille : "Quasiment personne ne connaît la PrEP, mais tous connaissent le préservatif."

Selon la membre du conseil d’administration de Aides néanmoins, les reproches des lecteurs d’Allodocteurs.fr sont compréhensibles. "Beaucoup de personnes ont eu l’impression qu’on minimisait l’importance du préservatif. Ca nous montre qu’il faut faire attention", réagit Camille Spire, qui assure que l’association Aides est toujours ouverte à la discussion. "Pour la prochaine fois, on pourrait réfléchir à un message en bas de l’affiche, du type « chacun sa prévention »…", imagine-t-elle. Elle le répète par ailleurs : Aides a toujours fait de la promotion du préservatif son cheval de bataille. "On a déjà fait campagne, et on le refera !"

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