Vaccin contre le sida : un effet d'annonce ?
L'équipe de la start-up Biosantech, une PME qui travaille à l’élaboration d’un vaccin thérapeutique contre le sida, vient de présenter ses derniers résultats. Dans le cadre d’essais cliniques, Biosantech a testé pour la première fois son vaccin sur des séropositifs. La société juge ses résultats encourageants, mais l'annonce est critiquée par la communauté scientifique.
C'est jour de grand oral pour Bioasantech : la start-up présente à la presse les résultats des premiers tests sur un vaccin thérapeutique destinés aux personnes séropositives. Un essai clinique que l’entreprise, par la voix de son directeur scientifique, le Dr Jean de Mareuil, juge encourageant : "Je vous donne les premiers résultats. La charge virale en ADN a été diminuée, ce qui correspond à une attaque des cellules réservoir".
Les "cellules réservoir" contiennent une part de virus caché contre lequel la trithérapie est inefficace. Pendant plusieurs semaines, 48 patients porteurs du VIH ont arrêté leur traitement et reçu à la place des injections de ce vaccin thérapeutique. "Ce type de virus caché, on peut le mesurer par l'ADN viral", explique le Dr Jean de Mareuil. "Dans notre essai, on a constaté qu'on avait une baisse de cet ADN viral... Cela suggère donc qu'on a un effet contre les cellules réservoir".
Dans le groupe où la dose de vaccin a été jugée la plus efficace, quatre patients sur douze ont vu leur quantité de cellules infectées diminuer. C'est peu, mais pour Corinne Treger, la directrice de Biosantech, il s'agit déjà d'une victoire : "Pour moi l'objectif est atteint parce que c'est la preuve que cette protéine a le mérite de stimuler une réponse immunitaire. On est arrivé à ce qu'on voulait".
La communauté scientifique a pourtant appelé à une extrême prudence face à ces annonces, présentées aux journalistes avant toute publication scientifique.
L'association AIDES, elle, dénonce ouvertement la méthode. "On n'a pas de publication dans la recherche, on n'a pas de communication dans les conférences internationales", s'indigne Marc Dixneuf, directeur général délégué de l’association. "On a un buzz médiatique autour d'un soit-disant vaccin qui aurait été découvert… Ces personnes se présentent comme des porteurs de la recherche, et elles annoncent des choses qui ne donneront que des espoirs déçus". Une stratégie de communication assumée, pour obtenir des partenariats industriels et les financements qui manquent aujourd'hui à Biosantech… C'est aussi ça, la course aux résultats.