VIH et antirétroviraux : nouvelles recommandations de l'OMS
Toute personne infectée par le virus du sida (VIH) devrait désormais être immédiatement placée sous traitement aux antirétroviraux, sans attendre que le système immunitaire s'affaiblisse, selon les nouvelles recommandations de l'OMS publiées ce mercredi 30 septembre.
Dans ses précédentes recommandations, l'OMS demandait de mettre en route les antirétroviraux chez les adultes vivant avec le VIH dès que la numération de leur taux de cellules immunitaires CD4 (des lymphocytes) tombait sous le seuil de 500 cellules par mm3 de sang. Désormais, l'OMS juge que le traitement doit être mis en place dès que le diagnostic est posé, ce qui supprime toutes les limitations à l'éligibilité du traitement chez les personnes porteuses du virus, qu'il s'agisse d'adultes ou d'enfants.
En outre, l'OMS estime désormais que "les personnes ayant un risque « substantiel » d'être infectées par le VIH", pas seulement une catégorie spécifique de population, "devraient se voir proposer des traitements préventifs d'antirétroviraux" (emtricitabine et ténofovir – Truvada®).
Grâce à ces nouvelles recommandations, le nombre de personnes auxquelles un traitement antirétroviral peut être administré va passer de 28 millions à 37 millions, souligne l'OMS. L'agence des Nations unies espèrent éviter 21 millions de décès liés au sida et 28 millions de nouvelles infections d'ici 2030.
Pour parvenir à éliminer l'épidémie, l'ONU s'est fixé des objectifs intermédiaires pour 2020 en utilisant une formule "90-90-90": 90% des personnes infectées avec le VIH doivent le savoir (contre environ la moitié actuellement) ; 90% des personnes connaissant leur statut doivent suivre un traitement ; 90% de celles qui sont traitées doivent voir leur charge virale supprimée (devenue indétectable).
Des préconisations saluées par les ONG
L'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) a salué les nouvelles directives mais a estimé dans un communiqué que les donateurs et gouvernements allaient devoir "augmenter dramatiquement" leur aide financière.
Ces nouvelles directives avaient été demandées par les scientifiques réunis en juillet 2015 à Vancouver (Canada) lors de la dernière grande conférence internationale sur le sida. Ils soulignaient que les recherches les plus récentes confirment qu'un traitement administré dès le diagnostic permet de prévenir la transmission du virus du sida à un partenaire sexuel. D'autres études (essais IPERGAY et PROUD) prouvent qu'une thérapie préventive "peut protéger efficacement les personnes à risque d'infection", pour peu qu’elle soit très scrupuleusement suivie.
A noter que le traitement prophylactique Truvada® a un coût élevé : environ 10.000 euros par an dans l'hypothèse d'une prise quotidienne, ce qui rend son utilisation dans les pays en développement peu probable.
Un vaste essai clinique international avait en effet permis, fin mai 2015, de mettre en évidence l'importance d'un traitement rapide dès la détection du virus.