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XXIe conférence internationale sur le sida : la lutte contre la maladie cherche un nouvel élan

La XXIe conférence internationale sur le sida s'ouvre officiellement ce lundi 18 juillet. Elle se tiendra jusqu’au vendredi 22 juillet à Durban, en Afrique du Sud. L'objectif annoncé est toujours d'aller vers l'éradication de l'épidémie d'ici à 2030.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Avoir un enfant en étant porteur du VIH

Les forces en présence sont très importantes. Ce lundi 22 juillet 2016, ce sont quelque 18.000 scientifiques, praticiens, militants, juristes, bailleurs de fonds et personnalités qui se retrouvent à Durban, en Afrique du Sud, pour la  XXIe conférence mondiale sur le sida. Ils évalueront les progrès réalisés dans la lutte contre le virus qui a fait plus de 30 millions de morts. Mais le but est aussi de donner un nouvel élan à une bataille qui a tendance à s'enliser.

Une lutte qui tarde à être gagnée

Les années passent et le virus résiste. Le sida reste "la première cause de mortalité" chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans en Afrique, a dénoncé l'Unicef au premier jour de la conférence, soulignant que "la bataille" contre la maladie n'était "pas terminée". "Le nombre de décès liés au sida parmi les adolescents âgés de 15 à 19 ans a plus que doublé depuis 2000. Dans le monde en 2015, il y a eu en moyenne 29 nouvelles infections toutes les heures" dans cette tranche d'âge, selon l'ONG. Ce sont les filles qui sont le plus durement touchées.

Une enquête réalisée par l'agence onusienne auprès de 52.000 jeunes dans 16 pays du monde a révélé que 68% des personnes interrogées ne voulaient pas faire le test du sida "de crainte d'un résultat positif et de crainte d'être stigmatisées".

Des progrès considérables déjà réalisés

Un long chemin a pourtant été parcouru depuis la dernière conférence organisée il y a 16 ans dans la même ville sud-africaine. La conférence internationale de 2000 avait marqué un tournant historique. Sur un continent littéralement dévasté par l'épidémie, et dans un pays qui affichait l'un des plus haut taux de prévalence au monde (24,5% en 2000), Nelson Mandela avait lancé un vibrant appel pour l'accès de tous les malades aux traitements antirétroviraux. À l'époque, seul un million de personnes dans le monde avaient accès à ces nouvelles molécules, essentiellement dans les pays du nord. Seize ans plus tard, plus de quinze millions de personnes y ont accès. Quatre millions de morts ont ainsi été évitées, et le nombre de nouvelles contaminations a baissé de 58%. Le symbole de l'événement qui s'ouvre est donc très fort. Seize ans plus tard, il n'y a toujours pas de vaccin contre le sida. Les patients dépendent à vie des traitements antirétroviraux, aux effets secondaires importants et aux prix encore élevés.

L'accent sur les traitements préventifs

Les traitements préventifs seront cette année au centre des discussions. "La prévention, ça reste des conseils, l’utilisation de préservatif, mais ce n’est pas suffisant", explique le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale du sida et des hépatites. Depuis quelques années, des médicaments sont utilisés dans la prévention du virus, et en particulier la Prep, la prophylaxie pré-exposition. À Durban, la France présentera des résultats très attendus sur leur utilisation. Les premiers éléments étaient encourageants. L'Onusida espère que trois millions de personnes pourront en bénéficier d'ici à 2020, contre 60.000 aujourd'hui. L'efficacité de ces médicaments est redoutable. "Elle dépasse les 95% de protection contre l'acquisition du VIH", souligne le Pr Delfraissy.

La stratégie qui consiste à dépister et traiter immédiatement (Test & Treat) les personnes séropositives sera également examinée à la loupe. Les premiers résultats d'une étude menée conjointement par la France et l'Afrique du Sud seront dévoilés.

On attend également les résultats d'études portant sur le suivi et le traitement des enfants et des adolescents atteints du sida, une population clé en Afrique.

2030 en point de mire pour éradiquer le sida

L'ONU s'est fixé pour objectif de mettre fin à l'épidémie en 2030. Pour y parvenir, les fonds financiers restent le "nerf de la guerre". La Française Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour la co-découverte du virus du sida, insiste sur la nécessité de financement. "Cette année est cruciale. Nous avons besoin de procéder à tous les changements nécessaires pour évoluer vers une génération sans sida. Mais nous ne sommes pas prêts", prévient-elle. "L'incidence de l'infection dans de nombreux pays ne diminue pas, ajoute-t-elle à l'AFP. Nous devons aussi de nouveau investir dans la recherche parce que nous avons besoin d'outils supplémentaires de prévention et de traitement".

Depuis 2010, le mouvement de baisse a atteint un palier et s'est même nettement inversé dans certaines régions, notamment la Russie. Dans le pays, où le nombre d'infections a atteint un million l'an dernier, la résistance du gouvernement à organiser des programmes pour les homosexuels et les toxicomanes exacerbe la crise. La lutte doit donc être aussi politique que scientifique. "Nous espérons, avance Chris Beyrer, le président de la Société internationale sur le sida, que les gens repartiront de Durban en s'engageant à modifier dans leur pays les lois, politiques et pratiques qui ne permettent pas d'accéder à ces personnes qui en ont le plus besoin."

Dans le monde, les progrès sont inégaux. Les nouvelles infections ont chuté de 6% depuis 2010, de 2,2 millions à 2,1 millions, et les décès liés au sida ont baissé de près de moitié depuis le pic de deux millions atteint en 2005. Mais le nombre d'infections s'envole en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, région qui détient le triste record de progression de l'épidémie.

La conférence internationale sur le sida a lieu tous les deux ans dans un pays différent. De résonance mondiale, elle réunit pendant toute une semaine plusieurs dizaines de milliers de chercheur(e)s, d'activistes et de personnes vivant avec le VIH. La conférence permet de faire le point sur les dernières avancées de la recherche. Mais c’est aussi l’occasion d’offrir une tribune aux personnes touchées qui continuent d'être confrontées, partout dans le monde, aux inégalités d'accès aux soins, à la privation de droits élémentaires et à la stigmatisation.

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