Virus Zika : une urgence de santé mondiale
Transmis par les moustiques comme la dengue et le chikungunya, le virus Zika constitue une menace pour la santé humaine même si son infection passe souvent inaperçue. L'épidémie du virus Zika a été qualifiée par l'OMS d'"urgence de santé publique de portée mondiale", le 1er février 2016.
Qu'est-ce que le virus Zika ? Comment se transmet-il ?
Le virus Zika appartient à la même famille Flaviviridae que les virus de la dengue et de la fièvre jaune. Il a été repéré pour la première fois en Ouganda, en 1947, chez un singe. Il tire son nom d'une forêt située au sud de Kampala, capitale du pays. Le premier cas humain de fièvre Zika a été rapporté en 1968, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Tout comme la dengue et le chikungunya, deux autres infections tropicales, Zika se transmet par piqûres de moustiques du genre Aedes : Aedes aegypti et Aedes albopictus (moustique tigre). Les insectes piquent une personne malade et, après une période d'incubation de 10 à 15 jours durant laquelle le virus se multiplie (ce que l'on nomme la "période d'incubation extrinsèque"), infectent ensuite les personnes saines.
Deux cas suspects de transmission du virus par voie sexuelle ont été décrits en 2011 et 2015, toutefois les preuves scientifiques sont largement insuffisantes pour les avérer. Un troisième cas suspect a été recensé début février 2016.
La souche du virus qui circule actuellement sur le continent américain a fait l'objet pour la première fois d'un "séquençage génétique complet", dévoilé le 8 janvier 2016 par l'Institut Pasteur. Cette analyse aidera à comprendre l'évolution du virus, ainsi qu'à mettre en place des outils de diagnostic.
Quels sont les symptômes d'une infection à Zika ?
Dans la grande majorité des cas (70 à 80%), l'infection passe inaperçue. Lorsqu'ils s'expriment, les symptômes sont de type grippal : fièvre (peu élevée), maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, avec des éruptions cutanées.
Ces symptômes, similaires à ceux de la dengue, se manifestent dans les trois à douze jours qui suivent la piqûre par le moustique contaminé.
Le Zika peut aussi se manifester par une conjonctivite ou par une douleur derrière les yeux, ainsi que par un œdème des mains ou des pieds.
Existe-t-il des complications à l'infection par le virus Zika ?
A ce jour, aucun cas de décès par virus Zika dans le monde n'a été répertorié par l'organisme américain de surveillance et prévention des maladies (CDC).
Mais deux types de complications graves sont aujourd'hui soupçonnées, "ce qui incite à la vigilance en cas d'épidémie de Zika", selon le ministère français de la Santé.
Des complications neurologiques de type syndrome de Guillain-Barré, maladie auto-immune qui se traduit par une faiblesse, voire une paralysie progressive des membres, ont été décrites au Brésil et en Polynésie française, selon l'Institut national de veille sanitaire (InVS).
Par ailleurs, des microcéphalies (taille anormalement réduite du crâne, voir encadré) et des anomalies du développement cérébral ont été observées chez des fœtus et des nouveaux nés de mères enceintes durant des épidémies de Zika au Brésil. La suspicion d'un lien de cause à effet a été renforcée suite à des IVG sur femmes résidant en zone d'endémie, dont les fœtus microcéphales étaient infectés par le virus. Le ministère français de la Santé déconseille désormais aux femmes enceintes de se rendre dans des régions où le virus est présent.
"Jusqu'à présent, on [ne dispose] d'aucune information sur le rôle possible de Zika comme agent à l'origine de malformations", notait fin janvier 2016 André Cabié, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Fort-de-France en Martinique. "On ne s'y attendait pas car c'est un virus proche de maladies qu'on connaît mieux comme la dengue ou la fièvre jaune, qui posent des problèmes de santé sans pour autant causer de malformations".
La microcéphalie est une diminution de la taille par rapport à l'âge (gestationnel ou à la naissance) de l'encéphale et donc du périmètre crânien, avec plus ou moins de lésions cérébrales. Les causes sont multiples : infectieuses, virales, toxiques ou en raison d'un placenta mal irrigué voire des causes génétiques inconnues. Actuellement, l'implication du virus Zika dans les cas observés au Brésil est suspectée, mais n'est pas formellement établie.
Quels traitements, quels vaccins ?
Sanofi Pasteur a annoncé, le 2 février 2016, qu'il se lançait dans la recherche d'un vaccin contre le virus Zika. Mais il n'existe à ce jour aucun remède spécifique, ni aucun vaccin contre ce virus. Les seuls traitements consistent à réduire les douleurs par la prise d'antalgiques.
Les autorités sanitaires recommandent de se protéger contre les piqûres de moustiques, y compris dans la journée, en utilisant des vêtements amples, des répulsifs, des insecticides et des moustiquaires. Les habitants des zones infestées peuvent agir en couvrant les récipients servant au stockage de l'eau (les larves de moustiques se développant dans ce milieu), mais aussi en vidant les receptacles sous les jardinières et tous les objets dans lesquels de l'eau pourrait stagner (pots, fûts, gouttières...).
Les femmes enceintes sont particulièrement à risque, puisque le virus Zika est suspecté d'augmenter le risque de malformations congénitales. Il leur est recommandé de consulter leur médecin pour assurer un suivi, si elles résident ou se rendent dans des zones où le virus est présent.
Les personnes malades doivent absolument éviter de se faire piquer pour stopper le cycle de transmission de la maladie.
Dans quelles régions du monde sévit Zika ? L'Europe peut-elle être touchée ?
Après avoir été rapportée en Afrique, en Asie et dans le Pacifique, cette maladie atteint depuis 2015 le continent américain avec le Brésil comme principal pays touché.
Au total, une douzaine de pays étaient infectés début 2016 en Amérique latine et aux Antilles (les premiers cas ont été enregistrés en Guyane et Martinique en décembre 2015). Plusieurs cas importés ont été recensés en Europe continentale en janvier. Sur ce même mois, cinq voyageurs ayant contracté le virus Zika dans une zone d’épidémie sont rentrés en France métropolitaine, selon un premier bilan de l'Institut de veille sanitaire (InVS). La période d’activité des moustiques vecteurs du virus ne débutant qu’au printemps en métropole, les risques de contagion sont pour l'heure quasi nuls.
Mais l'installation du moustique tigre dans le sud de l'Europe rend à l'avenir parfaitement possible l'apparition de cas de Zika sur le continent au printemps prochain, souligne le ministère français de la Santé.
En août 2015, un rapport rendu public, par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), annonçait que toutes les conditions propices à la "transmission autochtone du virus dans les départements métropolitains où le moustique vecteur est présent" étaient réunies.