Obésité et surpoids de l'enfant : quand faut-il hospitaliser ?
J'ai tout essayé pour mon fils : régimes, rendez-vous chez la diététicienne, rien n'y fait. Quand faut-il faire hospitaliser son enfant ? Mon fils obèse pourrait prétendre à l'hospitalisation, mais il n'y a aucune place disponible. Comment l'expliquer ?
Les réponses avec le Dr Gianpaolo de Filippo, endocrinologue et pédiatre :
"Les indications de l'hospitalisation sont très particulières. Elles se résument selon les recommandations de la Haute autorité de santé en deux gros chapitres. Le premier chapitre est l'obésité en échec de traitement, c'est-à-dire un suivi d'au moins six mois, un an voire deux ans dans un centre spécialisé qui n'a pas donné de résultat conséquent. La deuxième indication concerne les obésités compliquées, c'est-à-dire des obésités associées à des problèmes orthopédiques, à des problèmes de respiration, à des problèmes métaboliques comme un diabète… Le paradoxe à l'état actuel des choses, c'est que les deux tiers des enfants hospitalisés dans des établissements hautement spécialisés et de très haut niveau sont des enfants ou des adolescents qui sont en échec de prise en charge et un tiers sont des enfants qui ont une obésité compliquée. On pourrait envisager d'inverser la tendance.
"Il faudrait profiter de l'expertise du personnel de ces centres pour des obésités qui posent vraiment problème. Mais on ne peut pas délaisser les enfants qui demandent un suivi et qui n'ont pas encore une obésité compliquée. Il faudrait donc revoir un peu la prise en charge au préalable et filtrer les accès à ces centres pour sélectionner les patients qui peuvent en bénéficier. L'enjeu, c'est qu'ils puissent en bénéficier sur le long terme. Quand on est en centre, on perd du poids, on a l'occasion de bien manger, on fait du sport tous les jours… C'est une prise en charge globale qui a tout son sens quand on l'inscrit dans un parcours avant, pendant et après la sortie du centre.
"Concernant le manque de places dans ces centres, à partir du moment où les deux tiers des places sont prises par des obésités en échec, qui se comptent par milliers et par dizaines de milliers, on n'aura donc jamais autant de places. Notre rôle consiste donc à préparer l'entrée au centre des enfants, d'avoir une prise en charge encore plus efficace en dehors et de ne pas en arriver là. Et de n'avoir recours à ces centres que quand ça ne va pas pour profiter de leur expertise."