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Trisomie 21 : l'efficacité du test sanguin

Une analyse de l'ADN placentaire circulant dans le sang de la mère s'est avéré plus efficace que les tests standards pour dépister la trisomie 21 ainsi que deux autres anomalies chromosomiques moins fréquentes. Le test ne se substitue pas à l'amniocentèse qui reste la méthode de diagnostic de ces maladies génétiques.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Une simple prise de sang de la mère, dès la dixième semaine de grossesse, permet d'évaluer  très efficacement son risque de donner naissance à un enfant atteint de trisomie 21. Et plus efficacement que les tests standard. Les auteurs d'une étude parue dans la revue médicale américaine New England Journal of Medicine, qui a porté sur presque 16.000 femmes enceintes de dix à quatorze semaines, sont arrivés à cette conclusion. Les femmes examinées pour l'étude étaient âgées de 30 ans en moyenne et environ 25% avaient plus de 35 ans, un âge à partir duquel on estime que le risque de trisomie 21 augmente fortement. 

Fragments d'ADN placentaire

Il est possible de retrouver dans le sang de la mère des fragments d’ADN placentaires. La présence de ce matériel génétique dans la circulation générale des femme est très intéressante pour en savoir plus sur l'ADN du bébé. Le placenta est un tissu embryonnaire qui a des origines communes avec le fœtus et partage donc des caractéristiques génétiques avec lui. Le prélèvement sanguin permet de calculer le risque de présence de la trisomie 21. Après la prise de sang et le séquençage à haut-débit des gènes, le nombre de copie des gènes du chromosome 21 est comparé à celui des autres gènes grâce à un algorithme mathématique. Si ces gènes sont plus représentés que les autres dans le sang de la mère, les femmes sont considérées comme à risque d'avoir un enfant atteint de trisomie 21. Dans notre pays, l'identification du risque est faite grâce aux "marqueurs sériques combinés du premier trimestre". Ils regroupent et croisent plusieurs facteurs de risque : la mesure de la clarté nucale lors de la première échographie, le dosage de 2 biomarqueurs (la PAPPA et la HCG), l'origine ethnique de la mère, son poids, son âge et son éventuel tabagisme.

Pas de '"faux négatifs", moins de "faux positifs"

La méthode par analyse de l'ADN circulant est concluante : elle a permis, dans l'étude, de dépister la trisomie 21  chez tous les  foetus affectés (38 en tout). Les résultats ont été confirmés par des examens du nouveau-né ou prénataux, ainsi que par des analyses génétiques post-natales. Ce dépistage s'est avéré plus fiable que les tests standards actuellement utilisés en première intention en France : contrairement à eux, elle n'a pas généré de "faux négatifs", c'est à dire qu'elle n'a pas identifié comme non atteints des bébés qui l'étaient. Les tests de dépistage habituellement utilisés, appliquées au même groupe de femmes, n'ont détecté la trisomie 21 que chez 30 des 38 foetus. Et alors qu'ils se traduisent par un taux élevé de diagnostics faussement positifs (qui sont donc des fausses alertes), l'analyse de l' ADN placentaire dans le plasma maternel en a produit nettement moins: 9 contre 854 pour le dépistage conventionnel (soit 95 % de faux positifs en moins).

D'autres pathologies génétiques concernées

Les cas de trisomie 21 ne représentent qu'un peu plus de 50% des aneuploïdies, les troubles résultant d'un nombre anormal de chromosomes. L'efficacité du test ADN a aussi été évalué pour deux autres maladies génétiques. Avec le même succès. Parmi les 10 cas de trisomie 18 ou syndrome d'Edwards, l'analyse de l'ADN en a diagnostiqué correctement 9. Mais les autres tests en ont identifié 8 sur 9 et produit 49 diagnostics faussement positifs. Quant à la trisomie 13, ou syndrome de Patau, le test de l'ADN placentaire a détecté les 2 cas et produit un diagnostic faussement positif. Les techniques standard en ont identifié un seul et donné 28 diagnostics faussement positifs.

L'amniocentèse, seule méthode de diagnostic possible

L'analyse de l' ADN placentaire, comme l'utilisation des marqueurs sériques combinés du premier trimestres, ne sont pas des méthodes de diagnostic : ils sont de simples indicateurs du niveau de risque. L'amniocentèse doit absolument venir confirmer ou infirmer la présence des pathologie. L'amniocentèse consiste à prélever du liquide amniotique pour récupérer des cellules du foetus et analyser leurs chromosomes. L'intervention, invasive, n'est pas sans risques pour le foetus : elle expose à des risques  de fausse couche, des risques d'infection virales, de naissance prématurée ou encore de mort in utero. 

Source : Cell-free DNA Analysis for Noninvasive Examination of Trisomy, Mary E. Norton, New England Journal of Medicinen Avril 2015, DOI: 10.1056/NEJMoa1407349

 

En France, le test de l'ADN placentaire est très couteux  (650 euros) et n'est pas pris en charge par la sécurité sociale (en comparaison, les tests standards, remboursés, sont facturés 35 euros). Le protocole STIC, à l'hôpital Necker, inclue de femmes enceintes dans un programme de recherche sur l'analyse de l'ADN placentaire.

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