Cent ans après la grippe espagnole, une nouvelle pandémie est-elle possible ?
Entre 1918 et 1920 la "grippe espagnole" a provoqué 50 millions de morts. Une telle catastrophe pourrait-elle de nouveau décimer la population mondiale aujourd'hui ?
Une étude publiée dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology tente de tirer les leçons de la pandémie qui a frappé en 1918 un peu moins d'un tiers de la population mondiale. Selon les chercheurs, une pandémie de cette ampleur pourrait coûter la vie aujourd'hui à entre 21 et 147 millions de personnes.
En 1918, une population fragilisée
En 1918, l'environnement dans lequel la grippe s'est propagé a été déterminant. Ainsi, la malnutrition, la présence d'autres infections bactériennes et virales, le paludisme, avaient rendu d'autant plus fragile la population. Par ailleurs, à l'époque, le taux de mortalité a été particulièrement élevé parmi les enfants et les jeunes adultes, supérieur à celui des adultes de plus de 30 ans. Probablement à cause du fait que les adultes avaient déjà été infectés par des virus similaires et que leur système immunitaire était plus "entraîné" que celui des plus jeunes.
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En 2018, des facteurs de risque bien réels
En cent ans, la recherche a fait d'immenses progrès dans la connaissance des virus et la prévention des épidémies. Depuis 1918, le monde a été frappé par trois autres pandémies majeures : en 1957 la grippe « asiatique », en 1968 la grippe « Hong Kong » et en 2009 la grippe « porcine ». Aujourd’hui une souche, une fois repérée, est immédiatement analysée pour mettre en place une stratégie de vaccination et les individus infectés sont rapidement isolés pour empêcher la propagation du virus.
Cependant, il existe d'autres facteurs pouvant contribuer à aggraver une éventuelle pandémie. Parmi ceux-ci, les chercheurs prennent en compte le fait que le pourcentage de personnes âgées souffrant de maladies chroniques (telles que l'asthme, les maladies cardiaques ou l'obésité) ou d'individus immunodéprimés a augmenté au cours du siècle dernier. La résistance des bactéries aux antibiotiques multiplie aussi les risques d'infections et parmi la population un sentiment d’hostilité vers la vaccination se diffuse.
En cas de pandémie, de nombreux pays ont défini des mesures à prendre. Chaque pays doit mettre en œuvre ses propres mesures en réponse au risque, mais la communication entre les pays reste indispensable.
Par la rédaction d'Allodocteurs.fr, avec AFP