Épidémie de grippe : les Urgences saturées
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a indiqué le 10 janvier que les Ugences étaient "à la limite de leurs capacités". Elle a donc décidé de faire un point ce jour afin d'anticiper le pic à venir de l'épidémie de grippe.
La ministre de la Santé doit faire un point ce jour sur l'évolution de l'épidémie, à partir des derniers chiffres du bulletin hebdomadaire du réseau de surveillance Sentinelles, ainsi que sur la mise en oeuvre de dispositifs d’urgence activés dans certaines régions.
Fin décembre 2016, elle avait indiqué que certains hôpitaux dans le Sud (Montpellier, Avignon, Nîmes) avaient commencé à rappeler des soignants en vacances face à l'afflux de patients. Cette saison de grippe s'annonce délicate avec le retour d'un virus de type A(H3N2), cousin de celui qui avait contribué il y a deux ans à une surmortalité de 18.000 personnes, rappelait dimanche Daniel Levy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires et vaccination à Santé Publique France.
"Les services d'urgence sont particulièrement sollicités, aux limites de leurs capacités", en raison de cette épidémie intense, a assuré le 10 janvier, Marisol Touraine, devant les directeurs d'hôpitaux à Paris. Faisant état d'une "situation préoccupante", la ministre leur a demandé "de tout mettre en œuvre" pour "garantir la prise en charge de l'ensemble des patients qui nécessitent d'être hospitalisés".
Les hôpitaux toujours à flux tendu
Les services d'urgence sont à la limite de la rupture aujourd'hui", a confirmé sur RTL François Braun, président de Samu-Urgences de France (SUDF). "Toutes les régions sont touchées (…) y compris la région parisienne", a-t-il ajouté.
"Les limites ont déjà été dépassées depuis plusieurs jours. Cela se traduit par une surmortalité évitable, des gens qui attendent 24 heures sur des brancards", a assuré pour sa part à l'AFP le porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France, Christophe Prudhomme (CGT-Santé). Toujours à "flux tendu, l'hôpital n'est plus en capacité aujourd'hui d'assurer un fonctionnement normal dès qu'on a une épidémie de grippe", a-t-il déploré, dénonçant un "manque de moyens".
Dans son bilan établi la semaine dernière, Santé Publique France avait souligné que les hospitalisations pour grippe concernaient essentiellement les personnes âgées et surtout les 80 ans et plus, qui représentaient 63% des hospitalisations.
"Un virus particulièrement dangereux pour les personnes fragiles"
Le 7 janvier 2017, le ministère a diligenté une enquête pour expliquer un "évènement exceptionnel" : la mort en quinze jours de 13 pensionnaires d'un établissement pour personnes âgées dépendantes à Lyon. Six d'entre eux étaient vaccinés contre la grippe.
Le A/H3N2 "est un virus particulièrement dangereux pour les sujets fragiles", selon Daniel Levy-Bruhl. "Dès qu'il a été identifié, nous avons su que l'impact serait fort" sur les personnes âgées.
Ce virus ne va généralement pas attaquer directement les poumons comme le ferait le A(H1N1), il va plutôt générer des complications chez les personnes affaiblies. Cela peut passer par une surinfection bactérienne, ou précipiter l'évolution de pathologies (insuffisances cardiaques, respiratoires ou même diabètes). Ainsi, depuis le début de l'épidémie en décembre, "le nombre de cas n'est pas exceptionnel, mais la proportion de malades hospitalisés plus grande", ajoutait récemment le Dr Levy-Bruhl.