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Tout savoir sur le virus de la grippe

Chaque année, la grippe touche plus de deux millions de Français. Généralement bénigne, elle peut tout de même entraîner des complications pulmonaires graves, notamment chez les personnes âgées et/ou fragiles.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent la transmission du virus de la grippe

Trois types de virus de la grippe

Chaque année, la grippe touche entre deux et trois millions de Français et Françaises et occasionne des milliers de passages aux urgences. Elle se manifeste par des maux de tête, de la fièvre, une fatigue intense et des courbatures.

Si la grippe guérit généralement spontanément en une semaine, certaines personnes doivent faire face à des complications graves. En moyenne, la maladie entraîne 9 000 décès par an, selon des chiffres de Santé publique France.

La grippe est due à un virus dont il existe trois types A, B, C. Dans la plupart des cas, ce sont les types A et B que nous rencontrons. Le type A est le plus dangereux et B le plus fréquent. 

Quand une personne est contaminée, elle projette des gouttelettes de salive dans l'air, en parlant, en toussant ou en éternuant. Des millions de virus se retrouvent alors dans l'air : ils vont être inhalés par d'autres personnes qui seront contaminées à leur tour et ainsi de suite. Mais la contamination peut aussi, par exemple, se faire par les mains ou des objets souillés par des gouttelettes de salive infectées.

Quels sont les symptômes de la grippe ?

Une fois le virus dans l'organisme, les symptômes apparaissent au bout de un à cinq jours (souce : INPES). Le virus s'attaque surtout aux voies respiratoires supérieures (le nez, la gorge, les bronches), plus rarement aux poumons. Résultat : une forte fièvre apparaît brutalement, ainsi qu'une toux (généralement sèche), un écoulement nasal, un mal de gorge, des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires… bref un malaise général.

La grippe se manifeste sous deux formes : les épidémies saisonnières, comme ce qui se passe en France chaque hiver, et les épidémies mondiales, appelées pandémies. Celles-ci sont liées à une transformation radicale du virus par rapport à celui de l'année précédente. Ainsi, personne ne sait se défendre, ce qui a pour conséquence une grande mortalité.

Comment échapper à la grippe ?

La vaccination est le meilleur moyen de se protéger contre la grippe.

Certains gestes simples, comme le lavage des mains et le port d'un masque peuvent restreindre les risques de contamination. Au-delà de ces gestes, le seul moyen de prévention efficace est le vaccin contre la grippe. La maladie étant provoquée par un virus, l'utilisation d'antibiotiques (qui ciblent les bactéries) est ainsi totalement inefficace. Les préparations homéopathiques n'offrent aucune protection contre la grippe.

Le virus de la grippe, lorsqu'il pénètre dans l'organisme, va provoquer la maladie, sauf si l'on a appris à l'organisme à reconnaître ce virus, à l'identifier comme dangereux, et donc à l'attaquer. C'est le but du vaccin, qui contient le virus auquel on a fait perdre sa dangerosité (on parle de "virus inactivé") et plusieurs molécules complémentaires (des "adjuvants") qui vont stimuler le système immunitaire.

Pourquoi se faire vacciner contre la grippe ?

Environ 70% des personnes vaccinées sont totalement protégées contre le virus, les symptômes et la durée de la maladie étant atténués chez les 30% restant. À noter qu'une couverture vaccinale étendue réduit les risques de contamination pour l'ensemble de la population.

Se faire vacciner contre la grippe saisonnière s'avère relativement simple, le vaccin peut être acheté librement en pharmacie, sans ordonnance, au même titre qu'une boîte d'aspirine. Pour autant, cela ne signifie pas que l'on puisse sans risque se vacciner soi-même. La plupart des pharmacies proposent désormais d'administrer le vaccin.

En France, le recours à la vaccination est en baisse depuis plusieurs années, même chez les personnes âgées. Le vaccin est pourtant le moyen le plus efficace de se protéger des complications liées à la grippe saisonnière. Les souches de virus de la grippe en circulation ne sont pas les mêmes chaque année, ce qui explique que la composition du vaccin soit légèrement différente d'une année sur l'autre. C'est la raison pour laquelle il faut renouveler le vaccin annuellement. De plus, la protection apportée par le vaccin est limitée dans le temps, elle ne dure que six à huit mois.

Qui doit se faire vacciner ?

La vaccination est recommandée pour les personnes fragiles ou particulièrement exposées à savoir les personnes âgées de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes atteintes de certaines maladies chroniques, les personnes obèses et certains professionnels de santé. Dans ces cas, l'Assurance maladie prend en charge à 100% le vaccin antigrippal.

Le vaccin contre la grippe n'est pas efficace à 100% mais il réduit les risques de complications graves chez les personnes les plus fragiles comme les nourrissons, les femmes enceintes ou les malades chroniques. Et chez les plus de 65 ans, il diminue de 35% le risque de décès. C'est pourquoi ce vaccin est proposé gratuitement par l'Assurance-maladie aux personnes à qui on recommande de se faire vacciner contre la grippe.

Quand se faire vacciner ?

La campagne nationale de vaccination commence début octobre et se poursuit jusqu'à fin janvier en France métropolitaine, Martinique, Guadeloupe et Guyane.

Attention, il faut attendre deux semaines après l'injection pour être protégé par le vaccin. Une seule injection annuelle suffit (la protection dure six à neuf mois) mais pour les enfants de moins de neuf ans, jamais vaccinés contre la grippe, deux injections à quatre semaines d'intervalle sont nécessaires.

Grippe et grossesse : une vaccination recommandée

Grippe : faut-il vacciner les femmes enceintes ?

Il est également recommandé aux femmes enceintes de se faire vacciner contre la grippe. 

Pourtant, par manque d'informations des soignants ou par réticence des patientes, une femme enceinte sur deux n'est pas vaccinée contre la grippe. Pour améliorer la couverture vaccinale, plusieurs maternités comme celle de Port Royal a imaginé un dispositif innovant en proposant le vaccin au sein même du service.

Mais pourquoi faut-il se faire vacciner quand on est enceinte ? La grossesse entraîne une grande vulnérabilité face au virus comme l'explique le Dr Olivia Anselem, gynécologue-obstétricienne : "Le système immunitaire est modifié. Cette modification du système immunitaire est physiologique pendant la grossesse pour accepter le développement du bébé qui pour moitié, a des antigènes étrangers à la femme. Et on sait également qu'il y a des modifications de la circulation hémodynamique, des modifications respiratoires  qui sont dues à la grossesse notamment lorsqu'on avance au troisième trimestre de la grossesse".

Conséquence de cette vulnérabilité, des risques pour la mère et pour le foetus : "On sait que le fait de faire une grippe pendant la grossesse peut donner des contractions, éventuellement une fausse couche ou un accouchement prématuré. On sait également qu'il y a un peu plus de risque de mort foetale in utero en cas de grippe pendant la grossesse parce qu'il pourrait y avoir une toxicité du virus sur le myocarde foetal", note la Dr Anselem.

Une femme enceinte a un risque accru de contracter une forme sévère de la grippe. Ce risque est multiplié par huit pour les femmes enceintes atteintes de maladies chroniques. La vaccination présente un autre avantage : protéger le nouveau-né surtout s'il naît en période d'épidémie : "Les nouveau-nés sont plus à risque de faire des formes graves de la grippe notamment avant six mois. Et la vaccination anti-grippale permet le développement par la mère d'anticorps qui vont passer le placenta et donner une protection au nouveau-né vis-à-vis de la grippe. Le nouveau-né ne pouvant pas être vacciné avant l'âge de six mois".

Si vous êtes enceintes et que toutefois vous ne souhaitez pas vous faire vacciner, évitez de fréquenter des personnes atteintes de la grippe et consultez très rapidement un médecin ou une sage-femme en cas de fièvre.

Peut-on soigner la grippe ?

Lorsque la maladie est contractée, les traitements disponibles ciblent essentiellement les symptômes de la grippe, tels que la fièvre et les douleurs.

Le paracétamol, l'aspirine ou les anti-inflammatoires (comme l'ibuprofène) peuvent soulager les symptômes. C'est la paracétamol qui est le plus souvent utilisé, car il présente moins d'effets indésirables. Sa posologie est de 60 mg par kilo pour les nourrissons et les enfants, à répartir en quatre doses séparées au minimum par un intervalle de quatre heures. Les adultes de plus de 50 kg en prendront un gramme, trois fois par jour.

Quant à l'aspirine, elle est à proscrire chez l'enfant et d'usage prudent chez l'adulte avec un antécédent d'ulcère, d'asthme, d'insuffisance rénale, etc. La dose maximale est d'un gramme, trois fois par jour. Pour l'ibuprofène, on ne dépassera pas les 1 200 mg par jour, là encore répartis en trois prises.

La toux sera éventuellement soulagée par un anti-tussif. Le repos est bien évidemment recommandé (rester chez soi permet de surcroît de ne pas contaminer d'autres personnes). Pas d'inquiétude si la fièvre met cinq jours à s'amender, les symptômes une bonne semaine, et la fatigue plusieurs semaines : ce sont les délais habituellement observés dans la grippe.

Les antiviraux enfin permettent de diminuer d'environ 24 heures la durée des symptômes. Ces médicaments sont également efficaces pour réduire leur intensité. Ils doivent être pris précocement, dans les 48 heures qui suivent l'apparition des symptômes. Ces antiviraux sont cependant réservés aux personnes hospitalisées, en réanimation par exemple.

À chaque épidémie son vaccin

C'est à l'Institut Pasteur que les chercheurs français mettent tous les ans au point le vaccin contre la grippe saisonnière. Celui-ci est fabriqué en fonction du virus et comme celui de la grippe évolue chaque année, le vaccin est donc "actualisé" à chaque fois.

Au centre national de référence de la grippe, des scientifiques étudient les virus en circulation afin de pouvoir adapter la composition du vaccin chaque année. Chaque jour, le centre reçoit une vingtaine d'échantillons suspects qui proviennent d'hôpitaux et de médecins généralistes et qui ont été prélevés dans le nez de patients.

Pour savoir si la grippe est présente dans les échantillons, les chercheurs séparent les virus des autres composants du prélèvement. Au bout d'une heure, l'échantillon est prêt pour l'analyse. Une machine permet alors de révéler ou non la présence de virus dans les échantillons.

La machine donne aussi des renseignements précieux sur la nature des virus de la grippe car il en existe plusieurs types : "Les informations récupérées sont utilisées pour déterminer la composition du nouveau vaccin. Nos données et celles récoltées dans le monde entier sont réunies et ainsi, on va pouvoir déterminer s'il y a un virus ou non qui a évolué beaucoup ou pas beaucoup et s'il est nécessaire de changer la composition vaccinale", explique Vincent Enouf, virologiste.

Le vaccin distribué l'année suivante est donc adapté au virus qui circulera le plus durant l'année en cours.

Une épidémie surveillée de près

Qu'est-ce que l'IRSAN ?

On parle d'épidémie de grippe lorsque le seuil défini par les organismes de surveillance est dépassé. Dans les machines de l'Institut de recherche pour la valorisation des données de santé (IRSAN), des centaines de milliers de données médicales sont stockées. Des données issues de l'activité d'environ 1 000 médecins (des médecins de SOS médecins) qui à chaque intervention envoient en temps réel leurs données. Au total, ce sont 10 000 actes envoyés chaque jour par ces médecins répartis sur 70% du territoire.

Une fois envoyées, ces données sont analysées. Grâce à des calculs, l'IRSAN informe le grand public et les professionnels de santé de l'évolution de l'épidémie de grippe saisonnière. "On parle d'épidémie lorsqu'un nombre de cas observés dépasse un nombre de cas attendus. Le nombre de cas attendus correspond au nombre de cas observés pour la même époque les années précédentes", explique Laurent Toubiana, directeur de l'IRSAN et chercheur épidémiologiste.

Le seuil épidémique est calculé au jour le jour par l'IRSAN. Ainsi les cartes sont mises à jour quotidiennement. Elles permettent de décrire l'épidémie de grippe mais surtout d'alerter le plus rapidement possible afin de mettre en place des mesures de prévention comme la vaccination.

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