Taches sur la peau : peut-on les faire disparaître ?
En vieillissant, la peau se constelle de taches au niveau du visage, du décolleté et des mains. Ces taches pigmentaires révèlent l'âge, mais aussi le mode de vie et l'exposition au soleil. Le point sur les gestes à adopter pour les réduire.
La peau est un organe vivant, qui se renouvelle en permanence. À l'instar de toutes les cellules du corps, celles de notre peau vieillissent. L'avancée en âge se traduit par l'apparition de rides, d'une perte de la fermeté des tissus, des atteintes des vaisseaux (comme l'apparition de petites taches rouges ou de couperose), ainsi que des modifications de la pigmentation.
Le vieillissement de la peau, le rôle majeur du soleil
Plusieurs facteurs interviennent dans la précocité et l'intensité du vieillissement : le patrimoine génétique, mais avant tout le soleil, responsable du "photovieillissement". Il participe en effet à hauteur de 80% au vieillissement de la peau [1], lors d'exposition répétée à la lumière et aux ultraviolets, qu'ils soient naturels ou artificiels.
Les rayons UVB sont responsables des coups de soleil (ils représentent 5% des rayons reçus). Ils sont absorbés par les cellules de l'épiderme, la couche superficielle de la peau. Ils provoquent alors des altérations des membranes qui entourent ces cellules et de leur ADN. Ces mutations de l'ADN peuvent aboutir à la formation de cellules cancéreuses.
Le rôle des UVA [2], qui représentent 95% des rayons, a émergé plus récemment. Ils pénètrent plus profondément, niveau du derme. Ils attaquent les cellules par l'intermédiaire des radicaux libres, qui altèrent les fibres qui donnent son élasticité à la peau, telles que le collagène et l'élastine. Peu à peu, les mécanismes de défense de la peau sont dépassés, notamment chez les peaux claires et les signes du photo-vieillissement apparaissent au bout de 10 à 20 ans d'exposition solaire. Les effets n'apparaissent donc pas seulement chez les seniors : une technologie utilisant une lumière UV met ainsi en évidence des zones présentant une pigmentation excessive, chez les adolescents et jeunes adultes.
Le risque dépend du phototype, estimé par la carnation et la couleur des cheveux, et de la quantité d'exposition, sans protection solaire. Celle-ci peut avoir été intensive, à la plage par exemple, ou tout simplement cumulative, au fil des ans. Ce qui signifie que des balades, la jardinage ou toute activité fréquente en plein air augmente considérablement les risques. "Le photovieillissement, ce n'est pas seulement la plage", met en garde le Dr Nicolas Bachot, dermatologue. "La dose cumulée toute l'année est plus importante que celle reçue durant les vacances…"
[1] Effect of the sun on visible clinical signs of aging in Caucasian skin. Flament. Clin Cosmet Investig Dermatol. 2013 Sep 27. doi: 10.2147/CCID.S44686.
[2] New insights in photoaging, UVA induced damage and skin types. Batie. Exp Dermatol.2014 Oct;23. doi: 10.1111/exd.12388.
Les taches, une anomalie de la pigmentation
La couleur de la peau est due à la présence de mélanine, synthétisée par des cellules appelées mélanocytes. Elles sont responsables du bronzage : sous l'effet du soleil, ces cellules synthétisent davantage de mélanine, ce qui donne sa couleur plus foncée. Une tache pigmentaire, aussi appelée "tache brune" est une zone de pigmentation anormale. Dans certaines circonstances, les mélanocytes produisent la mélanine en excès, de façon localisée : ces amas de mélanine sont des taches d'hyperpigmentation.
Différentes causes expliquent cette pigmentation excessive :
L'hypopigmentation, une couleur plus claire
Dans d'autres cas, la pigmentation est plus claire, par insuffisance de mélanine : c'est une hypopigmentation, qui peut être localisée, comme dans le vitiligo, ou globale. Elle peut être d'origine génétique, à l'instar de l'albinisme. L'hypopigmentation fait parfois suite à une inflammation liée à un bouton d'acné, une cicatrice ou brûlure, etc. Autres causes : des agents chimiques, comme certains médicaments, ou physiques (ultraviolet, rayons X, froid,…).
Quel traitement ?
"Il y a souvent un mélange de différentes pathologies, qui nécessitent des traitements différents, et tout n'est pas traitable en même temps", précise d'emblée le dermatologue. Il recommande un avis médical dès que les taches sont différentes, qu'elles sortent de l'ordinaire. Une précaution indispensable car une tache peut révéler un cancer de la peau, une situation heureusement plus rare. Les dermatologues ont différents outils dans leur arsenal :
Les crèmes dépigmentantes ont une efficacité limitées : "on constate en moyenne 30% de diminution des taches au bout de 3 mois", évalue le Dr Bachot. Ce qui signifie qu'il en reste 70% ! Elles se vendent en pharmacies et ne nécessitent pas d'ordonnance et d'après le médecin, "elles se valent toutes". Le Dr Journé**, dermatologue, recommande quant à elle Clairial®, Depiwhite® ou encore Yellow cream®. "Les cosmétiques ont un intérêt en prévention, et après un laser, reprend-il. Mais au niveau curatif, elles sont décevantes."
En revanche, il existe une crème beaucoup plus efficace, une préparation composée de vitamine A, de cortisone et d'hydroquinone un composant interdit dans les cosmétiques). Son utilisation est limitée à 3 mois par an, faute de quoi elle provoque une tache encore plus foncée... "L'hydroquinone est utilisée sur prescription médicale, complète le Dr Fabienne Journé, dermatologue. Elle est très efficace sur le mélasma mais attention aux peaux foncées où elle peut provoquer une dépigmentation (NDLR : diminution de la pigmentation)."
Les lasers sont également une arme très intéressante contre les taches. L'IPL (intense pulsed light) fait appel à une lumière intense, qui agit à la fois sur les taches et la couperose. "En général, 1 séance permet d'enlever 50 à 80% des taches", détaille le Dr Bachot. "Il permet d'améliorer l'homogénéité du teint et il provoque peu de croûtes." Selon le dermatologue, le laser pigmentaire classique est le plus puissant mais il fait davantage de croûtes, qui restent durant 10 à 15 jours.
Autre technique, la cryothérapie est efficace sur toutes les formes de pigmentation. Elle fait appel à l'azote liquide. "C'est actuellement un traitement de dernier recours, après le laser", estime le médecin. "Il y a un risque de brûler trop profondément et de détruire les mélanocytes. Ce qui laissent des taches blanches définitives. Là encore, des croûtes se forment et durent 10 à 15 jours."
Enfin, un peeling peut également être utilisé. Il consiste à appliquer de l'acide sur la peau, sur la couche superficielle de la peau. "Mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'il enlève toutes les taches", prévient le médecin, selon qui "il a un intérêt surtout dans l'entretien, pour homogénéiser la peau." Le peeling moyen, agissant plus profondément sur le derme, est plus efficace mais beaucoup plus agressif. La peau pèle et reste rouge quelques jours, nécessitant une éviction sociale durant cette période.
Les gestes beauté à adopter
L'académie américaine de dermatologie a publié une série de conseils pour prendre soin de sa peau.
* Le Dr Bachot est dermatologue installé en libéral, consultant dans l’industrie cosmétique notamment directeur scientifique des laboratoires DermEden.
** Le Dr Jouvé est dermatologue installée en libéral.
[1] Cigarette smoking: risk factor for premature facial wrinkling
Kadunce. Ann Intern Med. 1991 May 15;114(10):840-4.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2014944