BPCO, la bronchite du fumeur
La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une grave maladie pulmonaire qui touche 3,5 millions de Français, surtout des fumeurs, et en tue 17.000 chaque année.
Qu'est-ce que la BPCO ?
La BPCO, ou broncho-pneumopathie chronique obstructive, a longtemps été surnommée, à raison, "l'inconnue meurtrière". Ce serait la troisième cause de mortalité dans le monde d'après l'Organisation Mondiale de la Santé. La BPCO touche 6 à 8% de la population française et est responsable de 3 % des décès en France, selon l'association Santé respiratoire) Si on estime à 3,5 millions le nombre de personnes concernées par la BPCO (7,5% de la population), ce chiffre est probablement sous-estimé car de nombreux patients s'ignorent.
Comme son nom l'indique, la BPCO touche les bronches pulmonaires. Tout commence avec leur agression par des substances toxiques, en premier lieu le tabac, qui représente 80% de l'ensemble des cas de BPCO, que le tabagisme soit actif ou passif. Le tabagisme passif dans l'enfance joue en effet un rôle : une exposition enfant et foetus dans le ventre de la mère augmente le risque de développer une BPCO à l'âge adulte.
Quels sont les signes de la BPCO ?
Très peu de monde connaît cette maladie, généralement confondue avec une simple bronchite. Il faut dire que les premiers symptômes de la BPCO - une toux et des crachats matinaux - sont souvent banalisés. En particulier par les fumeurs, qui pensent à un effet normal de leur consommation de tabac. Ils sont pourtant, et de loin, les premiers touchés par la maladie.
Progressivement, un essoufflement s'installe en plus des premiers symptômes et peuvent gêner les activités du quotidien. En parallèle, des épisodes d'infection bronchopulmonaires surviennent de plus en plus fréquemment : les médecins parlent d'exacerbation de la BPCO.
Quand on inspire, l'air riche en oxygène entre par les voies respiratoires supérieures. Il chemine ensuite dans la trachée qui parcourt la partie centrale du cou, descend dans la cavité thoracique et se divise en deux bronches. Ces deux bronches amènent l'air dans leur poumon respectif. Chacune de ces bronches se ramifie pour donner des bronchioles : de toutes petites terminaisons qui se prolongent jusqu'aux alvéoles pulmonaires.
Les alvéoles pulmonaires sont des minuscules et fragiles vésicules, en grappes, entourées par un réseau de capillaires sanguins. Chaque poumon en contient des milliers. Elles assurent, à leur surface, les échanges gazeux entre l'air et le sang. L'oxygène de l'air inspiré passe dans le sang, et le sang, lui, se "débarrasse" du dioxyde de carbone dans les alvéoles, qui sera évacué à l'expiration.
En cas de BPCO, les voies respiratoires inférieures sont enflammées. Les bronchioles se mettent à sécréter trop de mucus, leur paroi s'épaissit : leur diamètre est réduit. L'air entre dans les alvéoles mais il a du mal à sortir. Le tissu autour des bronchioles perd aussi en élasticité et plusieurs des membranes qui séparent les alvéoles sont détruites (c'est ce qu'on appelle un emphysème). C'est la raison pour laquelle les personnes souffrant d'une BPCO sont à bout de souffle, pour un effort minime voire au repos.
BPCO : causes et diagnostic
Dans 80% des cas, le tabagisme actif ou passif est à l'origine de la BPCO.
Dans 10 à 20% des cas, les BPCO peuvent également être d'origine professionnelle. Elles sont notamment causées par des poussières de ciment ou de silice, ou des vapeurs de solvants. "L'exposition au fer, aux métaux ferreux, est aussi associée à la BPCO", soulignait en janvier 2016 le pneumologue Gilles Jebrak sur le plateau du Magazine de la Santé. En dehors du fer, "le charbon et d'autres [substances, notamment utilisées] en milieu agricole, peuvent être à l'origine de la BPCO. Il y a des tableaux de reconnaissance de pathologies agricoles (pesticides, produits toxiques inhalés...). Certains éléments utilisés pour nourrir le bétail sont aussi toxiques." "L'association du tabac et d'une exposition professionnelle (la BPCO est d'ailleurs parfois reconnue comme pathologie professionnelle) peut expliquer l'apparition d'une BPCO avec un tabagisme relativement modéré".
D'autres facteurs, autres que le tabac, sont également bien connus des pneumologues : un asthme ou des infections respiratoires durant l'enfance, un petit poids de naissance ou un retard de croissance in utero. L'obésité de la mère et une prise de poids excessive et précoce enfant pourraient augmenter le risque. Enfin, la pollution athmosphérique et un tabagisme dès l'adolescence sont des facteurs qui aggravent la BPCO.
Au total, la BPCO est la deuxième maladie respiratoire après l'asthme en France.
La BPCO est mal connue du grand public, qui pense la confond, à tort, à une simple bronchite. Ce qui contribue hélas à un retard diagnostique et une prise en charge tardive, lorsque la maladie s'est déjà développée.
S'il est difficile de la détecter précocement, il est tout de même possible de la dépister facilement grâce à un spiromètre, un appareil qui mesure le souffle du malade. Cet examen permet d'avoir une évaluation précise du trouble et de mettre une prise en charge en place.
BPCO : quelle évolution ?
À la longue, les poumons sont atteints. La BPCO évolue alors vers une insuffisance respiratoire. Il n'y a plus assez d'oxygène dans le sang pour nourrir les organes, notamment le cerveau et le coeur.
Arrivés à ce stade de la maladie, 60% des malades sont reliés à un appareil pour respirer de l'oxygène 15 à 16 heures par jour. On appelle ça l'oxygénothérapie ou ventilation assistée.
Comment se soigne la BPCO ?
Le premier traitement de la BPCO consiste à éliminer les facteurs responsables de la maladie, à savoir le tabac et/ou les polluants environnementaux. Le sevrage tabagique peut être aidé par la mise en place d'un traitement de substitution à la nicotine sous forme de patchs, de gommes ou de comprimés.
Les principaux traitements de la BPCO sont :
· les bronchodilatateurs inhalés, qui dilatent les bronches pour faciliter la respiration
· les corticoïdes inhalés, à utiliser en association avec les bronchodilatateurs dans les stades avancés de la BPCO. Ils aident à diminuer l'inflammation des bronches.
En cas d'infection bronchopulmonaire, des antibiotiques sont généralement prescrits. Il est par ailleurs recommandé aux personnes atteintes de BPCO d'effectuer des vaccinations préventives contre le virus de la grippe, contre le pneumocoque et contre le Covid car ces patients sont à risque de complications en cas d'infection pulmonaire virale ou bactérienne.
En 2022, il est encore possible de mourir de BPCO, d'où l'importance d'être bien pris en charge.
BPCO : les ateliers thérapeutiques
Pour apprendre à mieux gérer et connaître la maladie, des ateliers thérapeutiques sont proposés aux patients. Ensemble ils échangent sur leurs expériences de la maladie. L'objectif des ateliers est de redonner confiance à ces malades dans la gestion de leur maladie au quotidien, de leur donner des clés pour faire face quand ils ne vont pas bien...
Tester de nouvelles techniques, parler, échanger, rire... tout cela participe à améliorer la santé mais aussi le moral des malades. Un moral souvent mis à mal, puisqu'un patient sur trois souffre en effet de troubles dépressifs.
Le sport, un traitement à part entière
Faire du sport quand on souffre de BPCO peut sembler impossible pour beaucoup. Et pourtant, une activité sportive est bénéfique pour le bien-être des patients. C'est ce qu'ont montré plusieurs études : l'exercice régulier augmente la tolérance à l'effort, la qualité de vie, diminue l'essoufflement, les exacerbations de la maladie, le nombre et la durée des hospitalisations.
Dans les formes légères, 30 à 45 minutes de marche par jour sont suffisantes. Dans les formes plus sévères, la réhabilitation respiratoire est indiquée, avec un réentraînement à l'effort. Elle est pratiquée dans les hôpitaux, les centres spécialisés et les réseaux de soins.
À Tours, l'association "L'espace du souffle" organise des cours de sport adaptés aux malades. Lors de ces cours de sport adaptés, les malades travaillent leur respiration associée à des mouvements corporels. Cela leur permet de bien prendre conscience de leur corps, de la respiration ventrale et de l'essoufflement.
Chaque posture a son importance. Elle permet au malade de renforcer leurs muscles, de retrouver leur équilibre et de travailler leur souffle. L'autre objectif des cours de sport est de redonner de l'autonomie aux patients. Si le bénéfice physique pour les patients est évident, l'impact psychologique du sport est aussi très important.
S'entraîner à respirer
Si des solutions thérapeutiques existent, le traitement le plus souvent recommandé consiste à suivre un programme de réadaptation à l'effort pour permettre de retrouver un peu d'aisance et un minimum d'activité. Il est également indispensable d'arrêter la consommation de cigarettes pour espérer retrouver ses capacités pulmonaires.
Cette réhabilitation respiratoire permet de retarder l'évolution de la pathologie, en redonnant au patient, souvent devenu sédentaire, le goût de l'activité physique, et en améliorant ainsi son souffle.
Le sport est aussi recommandé.
BPCO : les femmes aussi sont concernées
Contrairement aux idées reçues, la BPCO ne touche pas que les hommes puisque près d'un malade sur deux est une femme (45% de femmes versus 55% d'hommes d'après la Fondation du souffle). Mais on le sait peu, et le diagnostic comme la prise en charge chez les femmes sont donc souvent retardés.
En savoir plus
Sur Allodocteurs.fr
· Asthme, BPCO ... pourquoi les troubles respiratoires sont-ils favorisés par la chaleur ?
· BPCO : l'autre maladie du tabac
· BPCO : la grande oubliée de la prévention ?
· BPCO : la transplantation pulmonaire est-elle une solution envisageable ?
· Emphysème pulmonaire : une maladie respiratoire mal connue
· La BPCO, une maladie qui se féminise
· BPCO : du sport adapté pour combattre la maladie
· BPCO : l'incroyable défi sportif de Philippe Poncet
· Covid : l'inquiétude des patients atteints de BPCO
· Quelle est la différence entre la BPCO et l'asthme ?
· Emphysème pulmonaire et BPCO : quel retentissement chez le patient ?
Ailleurs sur le web
· Fondation du souffle
· Association Santé respiratoire
· Santé publique France
· Haute Autorité de Santé
· Organisation mondiale de la Santé