BPCO : les fumeurs ne sont pas tous égaux
EN BREF - Fumer augmente très fortement les risques de développer une BPCO. Etrangement, une poignée de grands fumeurs échappent à cette maladie. Selon une étude publiée ce 21 septembre dans le Lancet Respiratory Medicine, plusieurs différences génétiques conféreraient à ces personnes une importante résistance aux inflammations pulmonaires.
Lorsque l’on inspire, l'air passe par la bouche, le pharynx, le larynx (voies respiratoires supérieures), puis par la trachée et les bronches. Celles-ci se ramifient en bronchioles, et se prolongent jusqu'aux alvéoles pulmonaires (de minuscules sacs, connectés à un réseau de capillaires sanguins où déroulent les échanges entre l'air et le sang).
Lorsque certaines molécules toxiques sont mêlées à l’air que nous respirons, une inflammation peut survenir à différents niveaux de ces voies respiratoires inférieures. Les bronchioles se mettent à sécréter trop de mucus, leur paroi s'épaissit, leur diamètre est réduit. Le tissu autour des bronchioles perd également en élasticité.
Toutes ces transformations contribuent à une obstruction lente et progressive des voies respiratoires : c'est la BPCO, qui menace - notamment - tous les fumeurs…
Tous ? Non. Comme le constatent les épidémiologistes, une poignée de fumeurs invétérés résiste à la BPCO, parvenant à protéger leurs poumons de ces inflammations (à défaut de les protéger des cancers, ou de diminuer leur risque de maladie cardiovasculaire).
Après avoir analysé des tissus pulmonaires de plusieurs centaines de patients (non-fumeurs, fumeurs avec BPCO, fumeurs âgés sans BPCO…), des chercheurs ont identifié plusieurs gènes rares qui semblent améliorer les fonctions pulmonaires.
Si les mécanismes d’actions ne sont pas encore identifiés, ces gènes paraissent "influer sur le développement des poumons, et la façon dont ceux-ci réagissent en cas de blessure".
En comprenant le mécanisme exact d'expression de ces gènes, les chercheurs espèrent améliorer leur connaissance du processus inflammatoire chez les malades. Ils jugent également possible que des médicaments stimulant l’expression de ces gènes (ou de gènes similaires) pourraient un jour aider à diminuer les risques d’apparition de diverses maladies pulmonaires, voire de traiter des patients souffrant de BPCO.
En marge de la publication, les chercheurs insistent sur le fait que la meilleure façon de se protéger de BPCO reste de ne pas fumer.
Source : Molecular mechanisms underlying variations in lung function: a systems genetics analysis. P.D. Paré et coll. Lancet Respiratory Medicine, 21 sept. 2015 DOI: 10.1016/S2213-2600(15)00380-X
Essoufflement, toux quotidienne, bronchites à répétition... la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) tue chaque année plus de 16.000 personnes en France (chiffres Inserm).