À l'assaut du Mont-Blanc contre la mucoviscidose !
Paul Fontaine, 32 ans, est atteint de mucoviscidose. Pour surmonter la maladie, il s'est lancé un défi exceptionnel : faire l'ascension du Mont-Blanc en septembre, avec seulement 55% de capacité respiratoire.
Aller toujours plus haut, c'est l'objectif de Paul Fontaine. Et pour lui, ce n'est pas qu'au sens figuré. Dans quelques semaines, il tentera l'ascension du Mont-Blanc : 4.809 mètres, le plus haut sommet d'Europe. "À mon âge, avec cette envie de vivre, cette rage de vivre qui est en moi, j'ai envie de relever ce genre de défi. Et le Mont-Blanc, je me dis que c'est possible et je peux le faire", confie Paul Fontaine.
Pour Paul, encore plus que pour d'autres, gravir le Mont-Blanc est un défi car il souffre de la mucoviscidose, une maladie génétique qui touche principalement les voies respiratoires dont on ne guérit pas. Diagnostiqué à l'âge de 2 ans, Paul en a aujourd'hui 32. Une victoire car l'âge moyen de décès est estimé à 27 ans. Depuis quelques années, c'est grâce au sport que Paul essaie d'être plus fort que la maladie : "Quand je fais des marathons, ce sont des batailles qui sont gagnées par rapport à la maladie. Le combat se situe à l'intérieur de mon corps, ce n'est pas autour. Quand je fais du sport, je dis à la maladie que c'est moi le plus fort, que c'est moi le patron. C'est moi qui décide ce que je peux faire".
En 2015, Paul a bouclé le marathon de Paris en quatre heures, le record du monde pour "un muco". Comme toutes les personnes souffrant de cette maladie, Paul doit faire des exercices respiratoires quotidiennement, seul ou avec son kinésithérapeute. Pendant les séances, l'objectif est d'ouvrir le plus possible le diaphragme et la cage thoracique et de faire sortir des poumons le mucus, une substance qui protège les muqueuses qu'elle recouvre. Dans le cas de la mucoviscidose, le mucus est déshydraté, épais et collant : "Si je suis moins encombré, cela fait remonter ma capacité respiratoire. Du coup, mes muscles sont mieux oxygénés, aussi bien à l'entraînement qu'en course ou pendant le défi sportif, ils sont plus gros, plus puissants et je vais plus loin, plus vite, plus haut", constate Paul Fontaine.
La kiné fait partie intégrante de la préparation de Paul pour l'ascension du Mont-Blanc. Aujourd'hui, il y consacre plusieurs heures par jour chez lui, il espère ainsi avoir les poumons les plus propres possibles le jour J et faire face au manque d'oxygène lié à l'altitude. "À l'altitude du Mont-Blanc, on a à peu près 50% de nos capacités pulmonaires sachant que Paul n'en a déjà que 50%, donc ça fait un petit quart. Donc forcément cela rajoute de la difficulté. Pour quelqu'un de normal, c'est comme s'il était au sommet de l'Everest", explique Thibaut Baronian, kinésithérapeute.
L'Himalaya, peut-être un jour un nouveau défi pour Paul. En attendant, il poursuit son entraînement. Au programme : s'acclimater à l'altitude et travailler la technique. Depuis plus d'un an, Paul se prépare physiquement et mentalement pour l'ascension du Mont-Blanc. Pour ce défi, il n'est pas seul. Il a toute une équipe derrière lui qui l'accompagnera au sommet. Tous en sont convaincus, le sport est bénéfique quand on souffre de la mucoviscidose : "Je pense qu'on a fait bouger les choses avec Paul car la première fois qu'on a été au marathon de Paris, on nous a pris un peu pour des fous, que ce soit l'association, certains médecins… Je pense qu'on a mis un coup de pied dans la fourmilière", se réjouit Laurent Copin, président de l'association "Ensemble au sommet".
Au delà du symbole que représente le Mont-Blanc, Paul espère que cet entraînement lui permettra de faire remonter sa capacité respiratoire. Si ce projet n'aboutit pas, pour Paul ce ne sera pas un échec : "L'important, c'est la vie. On a le droit de ne pas y arriver. Et j'ai beau avoir tous les gens qui me suivent derrière, les enfants, les parents des enfants qui ont la muco… j'ai le droit de ne pas y arriver". Mais Paul va tout donner pour atteindre le sommet du Mont-Blanc et prouver une fois de plus qu'il peut être plus fort que la maladie.