Troubles bipolaires : et si c'était génétique ?
Plus de 60 marqueurs génétiques sont associés à un risque accru de développer un trouble bipolaire, selon une vaste étude internationale. Une piste pour élaborer de nouveaux traitements plus ciblés.
Pourquoi devient-on bipolaire ? Une équipe de chercheurs internationaux s’est intéressée à la part génétique des troubles bipolaires. Selon eux, une soixantaine de marqueurs génétiques augmenterait le risque de souffrir de ce trouble psychiatrique, caractérisé par une alternance d’états d’exaltation et de dépression, et dont souffrent 40 à 50 millions de personnes dans le monde.
Leurs travaux, publiés le 17 mai dans la revue Nature Genetics constituent à ce jour la plus grande étude analysant la part génétique des troubles bipolaires.
64 variations d’ADN
Pour cette recherche, les scientifiques ont en effet analysé l’ADN de plus de 413.000 personnes, dont près de 42.000 souffraient de troubles bipolaires.
Ils ont précisément cherché 7,5 millions de variations dans tous ces ADN. Résultat : 64 régions du génome contenaient des mutations d’ADN associées à un risque accru de trouble bipolaire. Soit plus du double du nombre de régions identifiées jusqu’ici.
Communication entre les cellules
Qu’est-ce que cela signifie ? Les scientifiques savaient déjà que les troubles bipolaires s’expliquaient en partie par des mutations génétiques. Mais leur recherche apporte ici davantage d’informations sur la façon dont les modifications d’ADN peuvent déclencher le trouble bipolaire.
En effet, ils savent précisement le rôle que jouent ces régions de l’ADN : elles sont impliquées dans des voies de signalisation biologique, notamment celles qui régissent la communication entre les cellules du cerveau.
Élaborer de nouveaux traitements
Prochain objectif pour les chercheurs : comprendre ces mécanismes biologiques liés à ces variations génétiques et s’en inspirer pour élaborer un traitement.
Dans un communiqué de l’école de médecine Mount Sinai à New York, les auteurs de l’étude évoquent notamment des "nouveaux traitements améliorés" ou des "approches de médecine de précision", qui permettraient de repérer les patients présentant un risque génétique élevé et d’envisager pour eux des traitements ciblés.
D’autres facteurs en jeu
D’autres études sont nécessaires pour identifier les gènes impliqués dans d’autres régions du génome mais aussi pour analyser les autres facteurs de risque. Car les troubles génétiques ne s’expliquent pas que par la génétique. Cette étude le montre déjà, en confirmant le rôle des habitudes de sommeil, de l’alcool et de la consommation de drogues dans le développement de ce trouble.