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Psychiatrie : vers une réforme de la pratique de l’isolement-contention

Des patients mis en chambre d’isolement, les 4 membres attachés... L'isolement-contention est encore utilisé dans certains services de psychiatrie en France. Mais, en juin dernier, le Conseil constitutionnel a déclaré ces mesures contraires à la Constitution. Une réforme est en cours.  

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

Marc Baudoin souffrait de schizophrénie depuis plus de vingt ans. Fin 2015, son état s’est dégradé et il a enchaîné les séjours en hôpital psychiatrique où il est parfois resté à l’isolement et sous contention pendant plusieurs semaines. 

“Il a eu vraiment une période assez longue où il est isolé, attaché, et il a comme seule occupation une pendule qui donne l’heure en face de lui. Nous, on trouve que ça c’est pire que la prison. C’est de la torture, de la barbarie... ” raconte son père Michel.

En dernier recours 

Ses parents l’ont vu se replier jusqu’à ce qu’il mette fin à ses jours lors de sa dernière hospitalisation. Pourtant, en théorie, la contrainte n’est utilisée qu’en dernier recours sur une courte durée. Quand un patient devient violent et que la parole ne suffit pas à l’apaiser, il peut être isolé voire soumis à la contention. Mais, il doit être libéré dès que son état le permet. 

Selon Mathieu Bellahsen, psychiatre à l’Hôpital Roger Prévot d’Asnières (92), le recours à la contrainte s’est envolé depuis une vingtaine d’années. “Il y a une sorte de perversion actuelle en psychiatrie de penser que les dispositifs de contrainte sont des dispositifs de soin. Si la psychiatrie se contente de contraindre et de mettre des médicaments, elle s’arrête là où son travail aurait dû commencer. Le travail de la psychiatrie, c’est une fois qu’on a mis les médicaments, qu’on a apaisé la personne peut-être avec une chambre d’isolement, de tout faire pour rentrer en lien avec elle.” 

Une pratique révélatrice du manque de moyens ?  

En juin dernier, le Conseil constitutionnel a déclaré le recours à la contention contraire à la Constitution. L’Etat a désormais jusqu’au 31 décembre pour renforcer l’encadrement de ces pratiques. Une loi est en cours d’adoption, elle devrait permettre la saisie d’un juge.  

Mais pour les soignants, instaurer un contrôle judiciaire ne suffit pas. Selon le Dr Fayçal Mouaffak, psychiatre à l’Etablissement public de santé Ville-Evrard / Saint-Denis (93), le recours à la contrainte est avant tout la conséquence d’une réduction continue des moyens en psychiatrie. “On a besoin de plus de soignants et de soignants mieux formés. On a besoin d’autres intervenants dans les lieux de soin : plus d’ergothérapeutes, d’éducateurs... Tous ces corps de métier qui disparaissent de nos structures.” Dans certains cas, les crises pourraient même être évitées avec plus d’activités, de temps d’écoute et de stimulation.  

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