Explosion des troubles alimentaires chez les jeunes adultes depuis un an
Boulimie, anorexie, hyperphagie ou encore orthorexie… Pour la première fois, une journée de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaire (TCA) se tient en France. Depuis mars 2020 et le confinement, les cas ont explosé : 900 000 personnes sont concernées.
Cette jeune femme que nous appellerons Elise souffre d’anorexie mentale. A moins de 30 ans, l’alimentation est devenue une obsession. Sa descente aux enfers a connu une accélération en mars 2020.
Le confinement, élément déclencheur
"Je pense que c’était latent et ça allait finir par m’exploser au visage. Le confinement a accéléré tous les symptômes et je pense qu’il les a aussi rendus beaucoup plus forts et beaucoup plus importants parce que c’était la seule chose sur laquelle je pouvais me concentrer étant donné qu’on avait plus de vie en dehors de la maison", explique la jeune femme.
Elise contrôle strictement ses aliments : pas plus de 500 kilocalories par jour. Pourtant, elle suit les effets de mode du premier confinement. Elle se nourrit au travers du plaisir que ses proches ont à déguster ses gâteaux, sans jamais les goûter personnellement.
Addiction au sport
Elle n'est jamais rassasiée d’activité physique non plus.
"J'ai également commencé à faire énormément de sport, sur Instagram ou Facebook, et c’était devenu un petit peu une obsession, je m’interdisais de louper une séance. J’étais assez dure avec moi-même pendant cette période-là", ajoute-t-elle.
En février de cette année, Elise ne pèse plus que 36 kilos. Une infection au foie la conduit à l’hospitalisation de longue durée à l’hôpital Sainte Anne. Aujourd’hui elle a repris près de 13 kilos. Si ses progrès se poursuivent, elle devrait pouvoir sortir en juillet.
De nouveaux profils de patients
Dans ce service, elles sont une vingtaine de jeunes femmes comme elle hospitalisées pendant 3 à 4 mois. Les professionnels de santé ont pris en charge des patients plus graves que d’habitude après le premier confinement, ils ont aussi découvert de nouveaux profils.
"Il y a des personnes qui ne souffraient pas du tout de troubles alimentaires, qui n'étaient pas les usagers du système de santé, qu’on ne voyait pas, qui ont développé des troubles alimentaires à l’occasion du confinement", explique le Pr Philibert Duriez, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris.
Allongement des listes d'attente
Tous les professionnels de santé ont remarqué une hausse de 30% des demandes par rapport à l’an dernier. "À partir de l’été 2020, on a vraiment constaté une augmentation, un allongement de notre liste d’attente où on est passé souvent de 8-10 patients en liste d’attente, à 20 à 30 patients en liste d’attente", ajoute le professeur. Pour prendre en charge ces patients supplémentaires, depuis janvier, une consultation et un hôpital de jour intensif sont proposés aux patients.
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