Ehpad : un gériatre dénonce une maltraitance "quotidienne et insidieuse"
Sur notre plateau, le gériatre Marcellin Meunier explique le manque chronique de moyens humains dont souffre, comme de nombreux autres, l’Ehpad de Notre-Dame-de-Monts en Vendée.
Les arrêts maladies s'enchaînent dans la résidence de Notre-Dame-de-Monts dont le Dr Marcellin Meunier a la charge. A la tête d'une équipe épuisée, il lance un cri d'alarme. "Je me sens complice d’une maltraitance qui ne dit pas son nom, mais qui est quotidienne, lancinante, insidieuse", déplore-t-il. "C’est certainement une maltraitance partagée par beaucoup d’Ehpad, mais moi je me dois de (…) dénoncer le fait", poursuit-il.
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"L’état de santé psychologique des soignant est catastrophique (…) Nous sommes l’Ehpad qui a justifié le plus grand nombre d’arrêts de travail sur l’année", souligne le médecin. Or, "on sait qu’un personnel en burn-out, en détresse, en souffrance, ne peut pas délivrer les meilleurs soins à nos aînés", rappelle-t-il.
De "belles machines"...
L’Ehpad dont il a la charge est baptisé "Les Oyats" et compte 80 résidents, dont plus de la moitié ne sont pas capables de se déplacer seuls. Dans cet établissement, le nombre de patients en fauteuils roulant a fortement augmenté, passant de dix à 50 en une dizaine d’années, explique le gériatre.
Pour lui, le matériel ne suffit pas, il faut surtout des moyens humains. "On nous donne de belles machines pour soulever les personnes dépendantes (…) et en même temps on n’a pas le personnel pour les manipuler à deux personnes (…) ce qui fait que l’on en arrive à des accidents"», déplore le Dr Marcellin Meunier.
... mais des soins toujours plus précipités
"On nous demande de faire des bilans orthophoniques, des bilans dentaires à tous les résidents, y compris à ceux qui n’ont pas souvent mis les pieds chez le dentiste, et en même temps on ne nous donne pas le temps ni les moyens de faire manger à leur vitesse les personnes âgées" s’insurge-t-il.
Marcellin Meunier demande un remplacement immédiat des 15 personnes actuellement en arrêt maladie et l’embauche de 15 à 20 personnes supplémentaires afin de retrouver un bon fonctionnement au sein de l’établissement. Cela correspond à une augmentation d’environ 25% du rapport soignants-patients, comme préconisé dans le rapport Libault publié fin mars.