Maltraitance en Ehpad : le procès de l’aide-soignant reporté
L’aide-soignant accusé de violences et insultes sur une femme de 98 ans dans un Ehpad du Val-de-Marne ne sera pas jugé avant le 22 mars 2019. Il sera maintenu en détention provisoire dans l’attente de son procès.
Interpellé puis placé en garde à vue mercredi 13 février 2019, l’aide-soignant soupçonné de maltraitance n’a finalement pas comparu le 15 février devant la justice. Le procès de cet homme de 57 ans a été reporté au vendredi 22 mars, suite à la demande d’un délai pour la préparation de sa défense. L’aide-soignant est accusé d’avoir violenté et insulté une dame de 98 ans dans l’Ehpad "La maison du grand cèdre", du groupe Adef résidences à Arcueil (Val-de-Marne). Il sera maintenu en détention provisoire dans l'attente de son procès et le tribunal a demandé une expertise psychiatrique.
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Des faits "d’une particulière cruauté"
L’affaire a commencé par des soupçons de la part des enfants de la vieille dame, qui s’était plainte à plusieurs reprises d’avoir été "tabassée". S’inquiétant d’éventuels maltraitances, ceux-ci ont installé au début du mois de février une caméra dans la chambre de leur mère. Les vidéos, filmées sur trois jours, révèlent des scènes choquantes.
Sur l’une d’entre elles, la nonagénaire est au sol, apparemment tombée de son lit. On l'entend crier "à l'aide" pendant une heure, puis arrive l'aide-soignant. Mâchouillant un cure-dent, il la tire violemment par les jambes pour la remettre dans son lit, lui donne des coups de pieds, des gifles, la tire par les cheveux. "Tu me fais chier espèce de vieille salope", "ferme ta gueule", répète-t-il, selon une source proche du dossier qui a visionné les images. "Pitié pour moi", le supplie en pleurant la vieille dame. Des faits "d'une particulière gravité, d'une particulière cruauté", selon la procureure citée par l’AFP.
Le lendemain, et alors que la famille n'a pas encore visionné la vidéo, les enfants de la victime sont informés par l'Ehpad d'une "fracture spontanée du fémur" de leur mère, qui se verra prescrire 90 jours d'incapacité temporaire totale.
Devant les enquêteurs, l'aide-soignant avait d'abord nié, jusqu'à la confrontation avec les vidéos. Il a ensuite parlé d'actes isolés et dit avoir "pété un câble". Adef résidences, son employeur depuis 10 ans, s'est constitué partie civile et a déploré un "acte de violence insoutenable" et dit avoir mis à pied son salarié "dès connaissance des faits".
Plus de 3 500 signalements de maltraitance de personnes âgées en 2018
"Cet acte de maltraitance a aussitôt fait l'objet de signalements auprès de l'ARS (Agence régionale de santé) et du Procureur de la République par l'établissement", et l'ensemble des familles de résidents ont été informées, a-t-il aussi été assuré. D'autres familles de pensionnaires ont été entendues dans le cadre de l'enquête, notamment celles résidant au même étage, mais personne n'a pour l'instant fait état d'autres violences.
En France, plus de 3 500 signalements ont été adressés l'an dernier au 3977, la plateforme téléphonique nationale contre la maltraitance des personnes âgées, soit une hausse de 13% en un an, selon l'AFP. Les maltraitances les plus fréquentes sont psychologiques (27%), ou relèvent de négligences et autres oublis de soins (23%). Les violences physiques, elles, représentent 16% des cas signalés.