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Surveiller ses apports protéiques après 65 ans

Pour éviter la perte de poids, la fatigue ou la faiblesse musculaire des seniors, surveiller l’apport énergétique quotidien total aurait beaucoup moins d’intérêt que de l’apport en protéines, selon une étude de chercheurs de l’Inserm publiée cet été. Les chercheurs estiment que consommer chaque jour au moins un millième de son poids total en protéines (soit un gramme par kilo) pourrait réduire très significativement le risque de fragilité après 65 ans.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Le rôle de l’apport de protéines sur l’état de santé des plus de 65 ans a fait l’objet de quelques études dans divers pays industrialisés, avec des résultats variables et parfois contradictoires, potentiellement lié à l’hétérogénéité des modes de vie.

Afin d’étudier l’intérêt de ces apports pour une population française, des chercheurs de l’Inserm ont analysé des données issues d’une étude antérieure, dans laquelle de nombreuses données utiles étaient déjà recensées [1]. Ils se sont ainsi intéressés au cas de 1.345 sujets âgés en moyenne de 74 ans, dont les apports protéiques journaliers moyens et les apports énergétiques totaux avaient été évalués

Cinq critères de la fragilité des individus étaient en outre recensés : le constat d’une perte de poids non intentionnelle de plus de trois kilos au cours des derniers mois, d’une fatigue face à un effort à fournir, une faiblesse musculaire évaluée sur la marche, une lenteur de la marche sur une distance de six mètres et enfin un temps d’activité physique hebdomadaire inférieur à une heure.

Après analyse de ces données, "les chercheurs ont constaté que les personnes fragiles étaient peu nombreuses à consommer suffisamment de protéines", explique-t-on à l’Inserm. "Elles étaient seulement 36,4% à ingérer au moins 1 gramme de protéine par kilo, soit un seuil légèrement supérieur aux recommandations, contre 58,6% des personnes plus robustes". Ce lien leur a permis de conclure que des apports protéiques suffisants réduisent d’au moins 10% le risque de fragilité "et ce, que les protéines soient d’origine animale ou végétale" [2].

Pour leur part, les apports énergétiques totaux ne semblent pas associés au risque de fragilité. Selon Catherine Feart, responsable des travaux, l’information n’est au fond pas étonnante : "les protéines sont des constituants musculaires et protègent contre la sarcopénie, alors que les apports énergétiques totaux peuvent être pourvus par les lipides, glucides ou encore alcool qui n’ont pas ces fonctions. Or, la fragilité chez la personne âgée expose au risque de chute, d’hospitalisation ou encore d’institutionnalisation. De plus, elle accélère le déclin en cas de choc ou de stress psychologique ou physique. Ces résultats sont donc une incitation forte à consommer suffisamment de protéines".

 

Étude : Higher Protein but Not Energy Intake Is Associated With a Lower Prevalence of Frailty Among Community-Dwelling Older Adults in the French Three-City Cohort. B. Rahi et coll. J Am Med Dir Assoc, juillet 2016 doi:10.1016/j.jamda.2016.05.005

 


[1] Etude de cohorte dite des "Trois cités", constituée à la fin des années 1990.

[2] Les données recensées n’ont permis qu’une évaluation très large de la diminution du risque. Selon les différents modèles utilisés, les chercheurs peuvent affirmer avec 95% de certitude que la valeur de la réduction du risque se situe entre 10% et 81%.

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