Les petits dormeurs sont-ils plus à risque de démence ?
Dormir moins de six heures par nuit serait associé à un risque plus élevé de démence, selon une nouvelle étude franco-britannique. Elle suggère que l’hygiène de sommeil entre 50 et 70 ans joue un rôle sur la santé du cerveau.
Combien d’heures dormez-vous la nuit ? Un temps de sommeil qui n’excède pas six heures serait associé à un risque accru de démence, selon une étude menée conjointement par des chercheurs de l’Inserm, d’Université de Paris et de l’University College London (UCL). Ils publient leurs résultats le 20 avril 2021 dans le journal scientifique Nature Communications.
Près de 8.000 participants suivis pendant 30 ans
Cette étude s’est intéressée à la santé de 7.959 britanniques depuis 1985. Tous les participants ont effectué une auto-évaluation de la durée de leur sommeil à six reprises entre 1985 (étendue d’âge : 35 à 55 ans) et 2015 (étendue d’âge : 63 à 86 ans). Des informations qui ont permis aux chercheurs d’extraire des données sur la durée du sommeil à 50, 60, et 70 ans pour chaque participant.
En 2012, environ 3.900 d'entre eux ont également porté une montre avec accéléromètre, qui capte les mouvements pendant la nuit, afin de vérifier la précision de leurs estimations.
En parallèle, les chercheurs ont enregistré les diagnostics de démence, dont la maladie d’Alzheimer, jusqu’en mars 2019.
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Jusqu’à 40% de démence en plus
Résultat : le risque de démence est plus élevé de 20 à 40% chez les participants qui dorment peu - six heures par nuit ou moins - à l’âge de 50 ou 60 ans par rapport à ceux qui dorment sept heures.
Autre observation, les personnes âgées de 50 à 70 ans qui avaient systématiquement une courte durée de sommeil présentaient un risque de démence accru de 30%, indépendamment de leurs éventuels problèmes de santé.
Pas de cause à effet
En résumé, "ces résultats suggèrent que le sommeil en milieu de vie pourrait jouer un rôle pour la santé du cerveau" note l’Inserm dans un communiqué.
Mais attention. Si un lien semble exister entre le temps de sommeil et le risque de démence, les chercheurs restent prudents : ils ne démontrent pas à ce jour de relation de cause à effet entre ces deux facteurs.
Prévenir ou retarder la démence
Cette étude apporte néanmoins une nouvelle preuve que les habitudes de sommeil, avant l'apparition de la démence, sont susceptibles de contribuer au développement de la maladie.
Il faut désormais comprendre comment les caractéristiques du sommeil, à savoir sa durée, sa perturbation, d’éventuelles apnées du sommeil ou encore la régulation des cycles veille-sommeil au cours de la vie adulte, influencent le risque de démence à un âge plus avancé, notent les chercheurs dans leur publication. Ces travaux futurs permettraient d’ "identifier les fenêtres d'opportunité pour des interventions thérapeutiques visant à réduire le risque ou à retarder la progression de la démence", poursuivent-ils.
Rester actif, ne pas fumer… et bien dormir
En attendant, "encourager une bonne hygiène du sommeil peut être particulièrement important pour les personnes présentant un risque élevé de démence", préconisent-ils dans leur étude. Un conseil à ajouter à la liste des habitudes à adopter pour garder un cerveau en bonne santé : ne pas fumer, boire avec modération, rester actif mentalement et physiquement, avoir une alimentation équilibrée et contrôler ses niveaux de cholestérol et de tension artérielle.