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Ménopause : quel impact sur le sommeil ?

Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes sont les symptômes les plus connus de la ménopause. D'autres le sont moins, mais ils altèrent considérablement la qualité de vie, avec en tête les troubles du sommeil. 

Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Ménopause : quel impact sur le sommeil ? -  —  Crédit photo : Highwaystarz - Fotolia.com

De nombreux symptômes associés à la ménopause peuvent perturber le sommeil : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, troubles sexuels et urinaires, anxiété ou dépression, douleurs dans les articulations,... "Mais les perturbations du sommeil font partie du cortège des troubles de la ménopause, indépendamment de tout autre", détaille le Pr Gabriel André, gynécologue-obstétricien et membre du GEMVI, le groupe d'étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal.

Pour les soulager, les somnifères sont souvent prescrits, mais ils sont une solution de facilité qui perturbe l'architecture du sommeil, en raccourcissant le sommeil lent profond, réparateur. En son absence, fatigue, anxiété, dépression et diminution des performances peuvent apparaître. "Il y a des alertes sur le Stilnox® (NDLR : l'un des somnifères le plus prescrits), qui est trop dosé pour la femme avec ses 10 mg, met en garde le gynécologue. Il y a des accidents de voiture graves le matin à cause de la somnolence. Il ne faudrait pas dépasser 14 jours maximum, à raison de 5 mg chez la femme."

Le traitement hormonal de la ménopause (THM) est prescrit en cas de symptômes gênant la qualité de vie, chez les femmes de plus de 50 ans récemment ménopausées. Les chercheurs se sont aperçus d'un effet positif du THM sur le sommeil normal. Point positif, le THM diminue les réveils nocturnes mais n'a pas d'effet sur la mémoire ou la concentration, d'après d'autres travaux[1]. La progestérone naturelle en particulier allonge le sommeil lent profond, d'après une étude[2] publiée en 2011. "A raison de 300 mg par jour, elle pourrait être proposée à la place des somnifères dans bon nombre de situations, après 50 ans et en l'absence de contre-indication comme le cancer du sein", estime le Dr André.

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[1] Progesterone reduces wakefulness in sleep EEG and has no effect on cognition in healthy postmenopausal women. Schussler. Psychoneuroendocrinology 2008. doi: 10.1016/j.psyneuen.2008.05.013 
[2] Progesterone prevents sleep disturbances and modulates GH, TSH and melatonine secretion in post menopausal women. Caufriez. J Clin Endocrinol Metab. Avril 2011. doi: 10.1210/jc.2010-2558   

Le traitement hormonal de la ménopause

Il vise à apporter les hormones qui font défaut lors de la ménopause : les hormones sexuelles féminines (estrogènes et progestérone). Ce traitement présente un bénéfice réel en cas de symptômes gênants et il est efficace sur les symptômes vasomoteurs, les sueurs nocturnes ainsi que l’insomnie et la sécheresse vaginale. Il a été vivement contesté en raison de l'étude baptisée WHI, présentant pourtant des failles méthodologiques (traitement non naturel administré à des patientes trop âgées). Il a été malheureusement été trop peu prescrit au détriment de la qualité de vie des patientes. "On sait maintenant avec les traitements naturels dont nous disposons et qui n'ont pas la dangerosité des traitements de la WHI, qu'une prescription à une dose minimale possible, sur une durée courte, mais tant que perdurent le symptômes, avec une évaluation annuelle du rapport bénéfices-risque, est très positive", commente le Dr André. 

Ronflements, apnée du sommeil et ménopause

Autre symptôme nocturne, les ronflements… Apanage des hommes avant 50 ans, ils deviennent plus fréquents chez les femmes après la ménopause. D'après le gynécologue, ils sont le maître symptôme d'un syndrome d'apnée du sommeil, touchant 3% des femmes avant la ménopause mais 11% après[1].

Une étude américaine[2] a porté sur 2852 femmes ménopausées pour évaluer si l'apnée du sommeil était plus fréquente chez les femmes non traitées par THM que chez celles qui l'étaient. "Dans cette étude d'observation, le THM est associé à une diminution significative de la fréquence des syndromes d'apnée du sommeil, un effet qui est plus important sous traitement combiné estroprogestatif que sous estrogènes seuls", relate le médecin.  Le THM pourrait donc ralentir la survenue du syndrome ou en atténuer la gravité, chez certaines femmes, mais il ne remplace en aucun cas le traitement de référence, un dispositif médical dit à pression positive.

De plus, les ronflements sont associés à une augmentation modeste mais significative du risque cardio-vasculaire[3]. "La ménopause est en elle-même un facteur de risque cardio-vasculaire par la carence hormonale qu'elle induit, ajoute le Dr André. D'après la Société Française d'endocrinologie[4], s'appuyant sur plusieurs études, le THM aurait un bénéfice sur le plan vasculaire par le biais hormonal, à condition d'être initié avant l'âge de 60 ans et dans les 10 premières années de la ménopause.

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[1] Menopausal status and sleep-disordered breathing in the Wisconsin Sleep Cohort Study. American journal of respiratory and critical care medicine. Young. 2003. 1;167(9):1181-5 
[2] Hormone replacement therapy and sleep-disordered breathing. Shahar. American journal of respiratory and critical care medicine. Mai 2003. 1;167(9):1186-92
[3] Snoring and risk of cardiovascular disease in women. Hu. J Am Coll Cardiol 2000; 35 : 308-13  
[4] Ménopause, Société française d'endocrinologie 

Conseils pour mieux dormir

En cas de symptômes altérant le sommeil, il est indispensable d'en parler avec son médecin afin de bénéficier d'un traitement. "La problématique hormonale est souvent le départ, mais le trouble de sommeil peut être lié à d'autres facteurs psychologiques, comme le stress, explique le Dr Pallanca, spécialiste du sommeil. Ce qui compte est de faire la part des choses entre contexte psychique et contexte hormonal et la prise en charge dépendra de cela."

Chaque cas est donc particulier et il n'y a pas de règles, pour reprendre le jeu de mot du médecin (la ménopause correspond à un arrêt des règles). "Soit il y a un contexte organique, sans effet du THM, on essaie d'améliorer avec un traitement, détaille-t-il. Soit on détecte un état anxieux ou dépressif, avec des ruminations, on fait plutôt une psychothérapie et une prise en charge de l'anxiété. En cas d'insomnie, on utilise des techniques de relaxation et une thérapie comportementale."

Une bonne hygiène de vie autour du sommeil est nécessaire : horaires de lever et de coucher réguliers, absence d'écran ou d'activité physique intense dans l'heure précédant le coucher, repas ni trop copieux ni trop frugal,... Le lit doit être réservé au sommeil et à l'amour : on évite de travailler, de manger, de regarder la télévision ou son ordinateur dans son lit !

Autre conseil en cas d'insomnie, il est préférable de sortir de son lit et d'aller pratiquer une activité apaisante, comme lire sur le canapé (une revue, pas un roman policier qui tient en haleine), tricoter,… et d'attendre un signe de Morphée, tel les bâillements, les yeux qui piquent, etc. Le yoga se révèle parfois une aide efficace pour mieux gérer les insomnies. Certaines plantes favorisent également le sommeil. 

Quand et qui consulter ?

Le Dr Pallanca recommande d'éviter de prendre des somnifères et d'en parler rapidement à un médecin afin de ne pas laisser l'insomnie traîner et s'installer. Il conseille de faire le point au niveau hormonal avec le gynécologue qui évaluera la part hormonale ou pas, et déterminera si une consultation auprès d'un spécialiste du sommeil est nécessaire.

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