Roche s'oppose à l'utilisation de l'Avastin® pour soigner la DMLA
Alors que l'Agence du médicament avait accepté à l'unanimité l'utilisation de l'Avastin® pour traiter la dégénérescence maculaire liée à l'âge, son fabricant, le laboratoire Roche, s'y oppose toujours fermement. Faisant fi des volontés du laboratoire, l'ANSM annonce que le traitement sera bel et bien disponible dès septembre.
En mars dernier, les autorités sanitaires pensaient avoir débloqué la situation qui paralysait l'utilisation temporaire de l'Avastin®, un traitement anti-cancéreux également efficace pour traiter la DMLA. Seulement, le 23 juin, le laboratoire fabricant Roche a répondu à l'Agence du médicament, en "réitérant son opposition à une telle mise en place alors que plusieurs alternatives thérapeutiques dûment autorisées sont disponibles dans la DMLA". Les injections d'Avastin® sont pourtant trente fois moins chères que celles de l'unique alternative pour la DMLA, le Lucentis®, commercialisé par le laboratoire Novartis.
Alors que son efficacité avait été prouvée dès 2012, l'Avastin® n'a pas été utilisé à cause d'accords financiers entre les deux laboratoires pharmaceutiques. A la suite de négociations jugées illicites avec Novartis, Roche avait officiellement demandé de ne pas donner d'autorisation de mise sur le marché à son propre produit, privant des milliers de malades d'un traitement moins coûteux. En dépit des recommandations de l'ANSM, Roche réaffirme donc son choix.
L'Agence du médicament fait fi des déclarations de Roche
Le groupe suisse souligne que l'Avastin® "n’est autorisé dans aucun pays au monde pour un usage ophtalmique" et déclare qu'il "ne saurait assumer la responsabilité de la mise en place et du suivi d'un usage d’Avastin® qu'elle ne recommande pas". Seule condition pour que Roche accepte cette utilisation : que l'ANSM prenne l'entière responsabilité de l'Avastin®. Le jour même, l'ANSM a réagi, rappelant à Roche ses obligations légales en terme de santé publique et de suivi des patients traités par ses propres produits.
Deux jours plus tard, l'ANSM a réaffirmé sa position, annonçant que l'Avastin® serait bel et bien disponible, dès septembre, contre l'avis du laboratoire. L'utilisation sera "établie pour une durée de 3 ans, renouvelable notamment en fonction des données d'efficacité et de sécurité qui seront issues du suivi des patients", ajoute l'Agence. Pour des conditions de sécurité, la préparation de ce produit devra impérativement se faire en pharmacie hospitalière, notamment pour éviter des contaminations par des bactéries lors de la réalisation de seringues adaptées à des injections oculaires.
Avec AFP