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Meurtre de Louise : comment identifier une personne grâce à son ADN ?

Le suspect dans l'affaire du meurtre de Louise a été confondu par son ADN, retrouvé sur le corps de la jeune fille. Comment fonctionne cette identification et quelles sont ses limites ?

Mathis Thomas
Rédigé le
En France, l’utilisation de l’ADN est strictement encadrée par la loi.  —  Shutterstock

La disparition de Louise, une collégienne de 11 ans, avait été signalée vendredi 7 février. Son corps, lacéré de plusieurs coups de couteux a été retrouvé le lendemain dans un bois en Essonne. Depuis, une enquête pour meurtre sur mineur a été ouverte et plusieurs personnes ont été placées en garde à vue, avant qu'un principal suspect, âgé de 23 ans, ne passe aux aveux ce mardi 12 février. Son ADN a par ailleurs été retrouvé sur le corps de la victime. Comment a-t-il pu être identifié grâce à son ADN ? On vous explique. 

Qu'est-ce que l'ADN ?

Un véritable code-barres génétique propre à tous les individus : l'ADN, ou acide désoxyribonucléique, est souvent représenté comme un long fil enroulé sur lui-même, en forme de double hélice, présent dans chaque chromosome de chaque cellule du corps humain. L'ADN se compose de près de 3 milliards de paires de bases, organisées en 23 paires de chromosomes. Bien que 99,9 % de cet ADN soit commun à tous les humains, les 0,1 % restants suffisent à différencier chaque individu. 

Pour identifier une personne grâce à son ADN, les scientifiques se concentrent sur des régions spécifiques du génome appelées marqueurs génétiques. Ces marqueurs sont appelés séquences répétées en tandem (ou STR, pour Short Tandem Repeats). Ils varient d’une personne à l’autre et permettent de créer un profil génétique, aussi unique qu’une empreinte digitale. 

Quelles sont les méthodes d'identification de l'ADN ?

L’ADN a révolutionné la résolution d’affaires criminelles en permettant de confondre des coupables ou d’innocenter des suspects. En France, le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (Fnaeg) stocke des profils ADN pour aider à l’identification. 
Dans le pays, "quinze régions sont analysées et comparées pour établir un profil, en plus des chromosomes sexuels", note le ministère de l'Intérieur. Une méthode si précise que la probabilité que deux personnes aient le même profil ADN est inférieure à une sur un milliard. 

L'identification d'un ADN suspect se déroule en plusieurs étapes, signale le site du ministère. Tout d'abord, les autorités compétentes procèdent au prélèvement d'échantillons chez les suspects. Sang, salive, cheveux, peau... Même des traces infimes, comme une empreinte digitale ou une tache de sang séché peuvent suffire. Les cellules sont ensuite traitées chimiquement pour isoler l'ADN et obtenir un échantillon exploitable.

La réaction en chaîne par polymérase (PCR) permet alors d'amplifier la zone et les marqueurs ciblés par le séquençage, avant de les comparer dans la base de données du Fnaeg pour confirmer ou infirmer une correspondance.

À quoi sert l'identification génétique ?

L'identification de l'ADN est principalement utilisée dans les enquêtes criminelles. Mais aujourd'hui, le séquençage ADN d'un individu est également utilisé dans le cadre de recherches généalogiques, pour retracer ses origines ou retrouver des membres de sa famille. Des tests ADN de paternité peuvent également être effectués pour analyser les marqueurs génétiques communs entre un enfant et un parent potentiel.

En médecine, l'analyse de l'ADN permet d’identifier des prédispositions génétiques à certaines maladies et d’adapter les traitements au profil du patient. Une approche appelée "médecine personnalisée", qui devient de plus en plus populaire de nos jours. 

À lire aussi : Cancer colorectal et viande rouge : une mutation de l'ADN est-elle en cause ?

Quelles sont les limites de l'ADN ?

"L’ADN est aujourd’hui perçu comme une preuve irréfutable, aussi bien par les acteurs du terrain que par la société civile en général, particulièrement en matière criminelle", affirme Clotilde Bricot, Doctorante en droit pénal et sciences criminelles à l'Université de Lorraine, dans un rapport publié en 2023 dans la revue Médecine & Droit. "Pourtant, bien qu’elle soit précieuse dans certaines affaires, la preuve ADN ne peut pas être qualifiée d’infaillible, celle-ci présentant de nombreuses limites, notamment en matière de libertés publiques", précise-t-elle. 

Et pour cause : si l'ADN est un outil puissant, il n'est pour autant pas infaillible. "Il faut avoir à l’esprit que la preuve ADN n’est jamais une preuve absolue, et qu’elle doit nécessairement être confrontée à d’autres éléments", note la Doctorante, "car, comme le rappelle Alain Blanc, ancien Président de la Cour d’Assises de Paris : « L’ADN identifié sur une scène de crime ne prouve qu’une chose : que le support sur lequel il a été identifié fait présumer la présence de l’intéressé à un instant T sur les lieux. »"

Les échantillons d'ADN peuvent également être dégradés par des conditions environnementales (chaleur, humidité) ou par une contamination extérieur, ce qui peut fausser les résultats. En France, l’utilisation de l’ADN est strictement encadrée par la loi. Le FNAEG, par exemple, ne peut être utilisé que dans le cadre d’enquêtes judiciaires et sous le contrôle d’un juge. La loi interdit également les tests génétiques récréatifs sans justification médicale, malgré leur popularité de plus en plus importante sur des plateformes hébergées à l'étranger. 

L'analyse ADN au service de l'enquête  —  Le Magazine de la Santé - France 5

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