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Renfort de soignants aux Antilles : "On a vraiment vécu l'horreur"

Entre le 1er juin et le 20 septembre 2021, le nombre de décès a drastiquement augmenté en Guadeloupe et en Martinique. Karim Mameri faisait partie des renforts envoyés sur place. Il nous raconte.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Débordée par la flambée épidémique, la Guadeloupe enregistre une hausse des décès de 227% pour le mois d'août 2021  —  Shutterstock

Une augmentation de 78% pour la Guadeloupe et de 69% pour la Martinique. Aux Antilles, le nombre de décès a bondi entre le 1er juin et le 20 septembre, par rapport à la même période de 2019, année sans Covid.

Ces chiffres révélés vendredi dernier par l'INSEE ne surprennent pas Karim Mameri. "Ça a été très compliqué, on avait plusieurs décès par jour dans un même service. C’était même d’une ampleur jamais vue pour les soignants dépêchés sur place, pourtant expérimentés " se rappelle t-il. 

Karim Mameri est cadre de santé en réanimation. Parti en Guadeloupe du 8 au 30 août dernier, il a assuré sur place la coordination d'environ 150 soignants envoyés en renfort à Basse-Terre et Grande Terre. 

Manque d'oxygène, de lits ...

Au cours de ses deux premières semaines sur l’île, plus de 200 décès sont recensés rien qu’en milieu hospitalier.

"La grosse inquiétude, c’était la partie immergée de l’iceberg. On savait pertinemment qu’il y avait des gens à domicile, avec des insuffisances cardiaques ou respiratoires, qui ne pourraient pas être hospitalisés"
explique l’infirmier. 

Sur place, la situation était intenable, malgré les renforts venus de métropole. Sans oxygène, sans lit, Karim Mameri l’admet : "Oui, il y a eu des pertes de chance pour ces patients. Parfois, il n’y avait simplement plus de place. Des patients décédaient aux urgences, parfois dans les couloirs, sans avoir eu accès à des soins de réanimation".

Un retour difficile

Pour bon nombre de soignants, ce passage aux Antilles au plus haut de la vague épidémique reste un traumatisme."On a vraiment vécu l’horreur. Tout ce qu’on refusait de voir, tout ce qu’on craignait depuis le début de cette crise en métropole, on l’a vu là-bas", déplore l'infirmier. 

Sur place, Karim Mameri a fait de son mieux pour mettre les soignants en souffrance  en relation avec les équipes des cellules d'urgence médico-psychologique (CUMP). Mais il déplore le manque de suivi depuis le retour en métropole, malgré les signalements faits auprès du Ministère de la Santé et de l'Agence Régionale de Santé.

Et il pense aussi aux soignants antillais, qui affrontent la crise sanitaire depuis bientôt deux ans :"Nous, on était là pour quinze jours ou trois semaines . Mais il y a aussi les collègues qui sont restés là-bas". 

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