Nos dentifrices sont-ils toxiques ?
Le dioxyde de titane, un composant toxique interdit dans l’alimentation depuis 2020, est toujours utilisé dans certains dentifrices. Quels sont les risques et comment l'éviter ? On fait le point.
Le brossage des dents est une des routines que l’on oublie parfois à la rentrée, au moment du retour des vacances. Deux fois par jour, deux minutes d’affilée, avec un petit passage de brossette entre les dents après : c’est ce que recommande l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire. Mais la question à se poser est la suivante : avec quel dentifrice ?
Titanium dioxyde, E171 ou CI 77891
Et pour cause : le dioxyde de titane, un ingrédient très apprécié des industriels, est présent dans de nombreux dentifrices. "Cet additif a le triple avantage d’être un conservateur, de rendre la pâte du dentifrice plus blanche et plus opaque", rappelle Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe des Hors-séries de 60 millions de consommateurs.
Son nom apparaît dans la liste des ingrédients sous différentes dénominations comme le titanium dioxide (son nom anglais), derrière le code E171 ou encore sous l'appellation CI 77891 dans les produits de beauté. On en trouve dans plusieurs dentifrices que l’on achète en grande distribution et même en pharmacie.
Jusqu’en 2020, en France, le dioxyde de titane était aussi présent dans l’alimentation, notamment dans des bonbons, pâtisseries et plats préparés, pour donner un aspect brillant.
Aujourd’hui, son utilisation dans l’alimentation a été interdite par la France puis par l’Union européenne. Mais il est toujours autorisé dans les produits de beauté ainsi que dans certains médicaments.
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Un composant toxique pour la santé
Plusieurs études ont fait état d’une toxicité du dioxyde de titane. "Cet additif est composé de micro et de nanoparticules, des particules 200 fois plus fines qu’un cheveu" explique Sophie Coisne. En 2017, l’Institut National de Recherche public pour l’Alimentation (l’INRAE), a montré que des rats qui avaient ingéré ces nanoparticules pendant 100 jours développaient des lésions précancéreuses dans le côlon. C’est ce qui avait conduit à son interdiction dans l’alimentation et les compléments alimentaires.
Depuis, de nombreuses études ont montré qu’on retrouvait aussi des nanoparticules de dioxyde de titane chez l’humain, dans le foie, la rate, le placenta et même le fœtus. Mais un dentifrice n’est pas censé être avalé : ces produits n’étaient donc pas concernés par la mesure…
Bientôt une nouvelle interdiction ?
L’INRAE enfonce le clou avec deux nouvelles études : les scientifiques viennent de montrer que les nanoparticules qui composent cet additif peuvent passer à travers la muqueuse de la bouche et endommager l’ADN des cellules. Cela a été étudié chez le cochon, qu’on sait très proche de l’homme, ainsi que sur des cultures de cellules humaines. "On attend farouchement que les autorités sanitaires légifèrent sur les dentifrices, car il y a urgence", alerte Sophie Coisne.
En attendant, peut-on éviter le dioxyde de titane ? De plus en plus de fabricants suppriment le dioxyde de titane de leur formule, y compris dans les dentifrices "petits prix”" À l’inverse, de grandes marques en contiennent toujours, selon l’idée que "tant que ce n’est pas interdit, c’est autorisé".
Il est donc recommandé de bien lire la liste des ingrédients de votre dentifrice préféré, et de prêter attention à la présence de ce dioxyde de titane.